Générations
Quand une millennial explore le rapport au travail des différentes générations
Pas un mois ne se passe sans que, au détour d’une rencontre, on ne me pose la question fatidique : “Et toi, tu fais quoi dans la vie ?”.
Si, il y a des années de ça, j’étais heureuse de donner la réponse attendue (“tel poste, dans telle entreprise”), désormais, je trouve cette réponse très triste. J’ai même envie de répondre à contre-sens : “Je fais du yoga et je suis la reine des quiches chèvre / épinards”. Cette réponse me semblerait plus intéressante pour la personne face à moi que de lui expliquer mon métier (que la plupart des gens ne comprennent, de toute façon, pas vraiment).
En 2025, il me semble que je suis loin d’être la seule, dans la génération Millennials, à ne plus avoir envie d’être définie par mon métier. À l’inverse, nos parents semblent toujours aussi enclins à se définir par leur travail, y compris pour ceux qui sont désormais à la retraite. D’où vient ce changement apparent de paradigme ?
La première réflexion qui me vient à l’esprit lorsque je compare nos deux générations, c’est la mutation du marché du travail entre notre génération et celle de nos aînés. Aujourd’hui, le plein emploi semble être devenu un mythe inventé pour nous faire rêver, l’ascenseur social est en panne permanente au sous-sol et, au fil des JT, l’avenir semble de moins en moins rayonnant. Sans compter qu’avec l’avènement des nouvelles technologies, certains métiers semblent n’avoir même plus d’avenir du tout - dont le mien, voué à disparaître peut-être avec l’essor de l’IA.
Au point qu’aujourd’hui, un étudiant sur deux pense qu’il lui sera difficile de trouver un premier emploi - et que deux sur trois pensent que ce travail ne correspondra pas nécessairement à leurs aspirations, selon une étude de l’APEC.
Dans ce contexte, difficile de baser son identité sur quelque chose d’aussi incertain et mouvant que le marché actuel. Par conséquent, on cherche à se définir par d’autres moyens. On se trouve un métier avec une bonne rémunération (le critère le plus important pour 59 % des jeunes, selon cette même étude de l’APEC). Mais pour nourrir nos envies de voyages, nos espoirs d’acheter un appartement ou juste pour payer notre prochain restaurant entre amis sans se soucier de devoir “faire une folie”.
On cherche un métier assez flexible pour pouvoir profiter de notre vie personnelle - et ce, quitte à travailler sur des horaires non conventionnels, comme 53 % des jeunes qui se disent prêts à travailler très tôt le matin ou très tard le soir dixit l’enquête OpinionWay x Le Parisien.
On rêve de l’entrepreneuriat. Mais pas de son modèle hyper-capitaliste : plutôt de celui de la toute petite entreprise qui permet d’obtenir un équilibre vie professionnelle / vie personnelle parfait. Et pourtant, même dans ce modèle, on s’échine à ne pas parler de notre métier en soirée.
En revanche, la génération qui suit la mienne semble porter un autre regard sur le travail. Les (encore très jeunes) Z ne se font aucune illusion sur le fait que le monde professionnel n’est pas des plus gais mais ils agissent avec courage pour le rendre plus beau pour eux. Ils sont déjà 38 % à avoir quitté un emploi parce que celui-ci entravait leur vie personnelle (Randstad) et 98 % se définissent comme déterminés et curieux (EY x Skema).
Ils ne cherchent pas du sens dans ce qui se présente à eux : ils construisent leur propre sens. Certains (dont nos aînés) diraient qu’ils sont fous - je dis d’eux qu’ils sont inspirants. Inspirants pour chacun d’entre nous, individuellement ; mais aussi et surtout pour les entreprises, qui cherchent à insuffler du sens dans le quotidien de leurs collaborateurs.
Aidez vos talents à trouver le sens de leur travail, individuellement, en leur proposant des formations passionnantes, des évolutions de carrière stimulantes, des perspectives (même lointaines) trépidantes, qui collent à leurs rêves et en toute honnêteté. Ils vous le rendront. Ils seront enfin fiers de répondre à cette fameuse question “Tu fais quoi dans la vie ?”. Et qui sait ? Peut-être même qu’ils mentionneront le nom de votre entreprise.

Rédactrice RH
Content Manager indépendante, Eléonor a une patte littéraire dans un gant de velours 2.0. Fascinée par les interactions humaines et l’univers du web…
Générations
Vous êtes-vous déjà demandé ce qui se passe dans la tête de vos plus jeunes collaborateurs ? Ou pourquoi vos collègues plus âgés ne semblent pas travailler comme vous ? Appartenant moi-même à la génération des millennials, j’observe avec curiosité les nouvelles interactions humaines. Avec Générations, explorons comment les différentes générations façonnent leur rapport au travail : aspirations, valeurs et modes d’interaction. Une réflexion sur ce qui nous distingue… et ce qui pourrait nous rapprocher.