Travailler avec son bébé : la fausse bonne idée

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On pourrait presque croire au tableau idéal d’une mère et d’une femme accomplie : elle envoie des mails importants depuis son ordinateur, négocie des contrats en visio en buvant une tasse de café fumante. Tout cela pendant que son bébé dort paisiblement dans son couffin en osier. Le rêve en somme. Enfin, moi, j’y ai presque cru. Récit d’une fausse bonne idée.

Je me souviens de ce moment comme si c’était hier. La clé de la maison dans une main, mon fils de presque deux ans dans l’autre, je prends l’appel de ma meilleure amie. Elle est à la fin de sa première grossesse et s’apprête à accepter un poste de cadre en 100 % télétravail. Ou en « full remote », comme disent ceux qui ont un langage que je ne comprends pas toujours. Sa voix résonne dans mes écouteurs : « Je veux que tu sois honnête : penses-tu que c’est une bonne idée d’accepter le poste tout en gardant ma fille à la maison ? »

Ni vraiment au travail, ni vraiment avec son enfant

Je déroule alors la plaidoirie la plus importante de toute l’histoire de notre amitié : “Non, ce n’est pas une bonne idée”. J’insiste à la fois sur la charge mentale prévisible qui surviendrait alors, sur le quotidien difficile même si le bébé est “facile” et en bonne santé, sur les tours de passe-passe que chaque rendez-vous en visio impliquerait…  

Et pour finir, je lui dis ce que j’ai ressenti les rares fois où j’ai tenté l’expérience de travailler tout en restant avec mon fils : cette sensation étrange d’être « ni-ni ». Ni vraiment au travail, ni vraiment avec lui.

Après cette conversation, elle fait le choix de faire garder son fils par une assistante maternelle et quelques mois plus tard, alors qu’elle tente de travailler tout en gardant sa fille malade, elle me dit merci.

Une sage-femme vraiment très sage

Deux ans plus tard, je vis ma deuxième grossesse. Je mets tout en œuvre pour vivre un congé maternité, un vrai. Un défi, quand on est à son compte. Il doit se terminer fin octobre, et je prends une décision : faire garder ma fille seulement en janvier, et reprendre « tranquillement » à mi-temps en novembre et en décembre. Avec elle, donc.  

Trois semaines après ma reprise, je commence les séances de rééducation de mon périnée. La première a lieu un mercredi à 10h30. Juste avant, je dois récupérer une sonde vaginale à la pharmacie. À 10h20, j’entre dans la pharmacie. La file d’attente est aussi longue que la to-do liste de ma journée. Intérieurement, je me mets à pester contre toutes les personnes devant moi qui, j’en suis sûre, n’ont rien à faire là. Je n’arriverai jamais à l’heure. Mon taux de cortisol augmente au fur et à mesure que les minutes passent. Je m’effondre en larmes. Quand vient mon tour, je trouve que la pharmacienne est trop lente, il est déjà 10h32, les larmes coulent sur mes joues sans s’arrêter. Je finis par arriver à 10h37 dans la salle d’attente de ma sage-femme. En pleurs, toujours. Finalement, les consultations ont du retard et mon tour n’est pas arrivé. Mais je continue à pleurer, en pensant à tout ce que j’ai à faire, en me disant que je n’y arriverai jamais.

Quand elle finit par m’inviter à rentrer, elle comprend tout de suite. Elle m’observe, prend la sonde vaginale et me dit qu’il va attendre, mon périnée. En quelques minutes, je déverse mes larmes, ma to-do liste et ma charge mentale. Elle me demande pourquoi j’ai choisi de reprendre le travail alors que ma fille n’est pas encore gardée. Silence. La consultation se termine sur les mots de cette sage-femme, vraiment très sage. « Et à votre meilleure amie, qu’est-ce que vous conseilleriez ? ». 

Cet article a été rédigé par Sophie Franco

Communicante et rédactrice

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