Article RH
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La transformation d'un CDD en CDI peut s'opérer de deux manières : soit par accord mutuel entre l'employeur et le salarié, soit automatiquement lorsque la relation de travail se poursuit après la fin du CDD. Le passage en CDI offre une stabilité d'emploi et préserve l'ancienneté acquise pendant le CDD. Les modalités de cette transformation doivent respecter un cadre légal précis pour garantir les droits des deux parties.
Les conditions légales du passage en CDI
La législation française fixe des règles strictes pour encadrer la conversion d'un contrat temporaire en emploi permanent. Un employeur doit notifier sa proposition par écrit, soit par lettre recommandée, soit par remise en main propre contre décharge.
Le salarié bénéficie d'un délai raisonnable pour étudier cette proposition. La loi prévoit que les nouvelles conditions d'emploi doivent être clairement détaillées : rémunération, qualification, durée du travail.
L'absence de période d'essai constitue un point majeur lors de cette transition, sauf si le nouveau poste implique des responsabilités différentes. Dans ce cas précis, une période probatoire limitée peut être instaurée.
La rédaction d'un document contractuel reste obligatoire même si les conditions de travail demeurent identiques. Un simple accord verbal ne suffit pas à garantir les droits du salarié.
Comment rédiger l'avenant de transformation ?
La rédaction d'un avenant de CDD requiert une structure précise pour garantir sa validité juridique. L'en-tête doit mentionner les coordonnées complètes de l'entreprise et du salarié, ainsi que la date d'effet de la transformation.
Le corps du document nécessite une référence explicite au contrat initial, incluant sa date de signature et sa durée. Veillez à spécifier la nouvelle qualification professionnelle, le poste occupé et la rémunération associée.
Un paragraphe dédié doit clarifier le maintien ou la modification des autres dispositions du contrat d'origine. Pour renforcer la valeur juridique du document, ajoutez la mention "Lu et approuvé" suivie des signatures des deux parties.
Pensez à établir l'avenant en deux exemplaires originaux, un pour chaque signataire.
La requalification automatique du contrat
La requalification automatique intervient dans plusieurs situations concrètes. Un salarié qui continue à travailler après la fin de son CDD voit son contrat transformé en CDI, même sans accord écrit.
Cette conversion s'applique également lors du dépassement de la durée maximale légale de 18 mois ou quand le nombre de renouvellements autorisés est dépassé. Par exemple, un CDD renouvelé trois fois se transforme automatiquement en CDI.
Le non-respect du délai de carence entre deux CDD déclenche aussi cette requalification. Un employeur doit respecter une pause équivalente au tiers de la durée du contrat initial. Dans le cas contraire, le second CDD devient un contrat à durée indéterminée dès son premier jour.
Les étapes clés pour passer d'un CDD à un CDI
La préparation d'un passage vers un contrat permanent demande une stratégie réfléchie. Commencez par démontrer votre valeur ajoutée à travers des résultats concrets et mesurables. Documentez vos réussites et gardez une trace de vos contributions significatives au sein de l'entreprise.
Établissez un dialogue constructif avec votre responsable direct. Planifiez un entretien dédié pour exprimer clairement vos ambitions professionnelles et votre souhait d'évolution vers un poste stable.
Préparez votre négociation en étudiant les besoins de l'entreprise et en identifiant les opportunités d'emploi permanent. Une analyse du marché et des salaires pratiqués dans votre secteur renforcera votre position lors des discussions.
Prime et indemnités : ce qui change
La rémunération finale lors du passage en CDI mérite une attention particulière. Un salarié conserve son droit aux indemnités compensatrices de congés payés non pris pendant son CDD. Cette somme s'ajoute au dernier salaire versé.
En cas de succession de contrats courts avant le CDI, la prime de précarité reste due pour tous les CDD antérieurs. Son montant représente 10% de la rémunération brute totale perçue. Seul le dernier contrat, directement suivi du CDI, n'ouvre pas droit à cette indemnité.
Les avantages salariaux acquis pendant le CDD se maintiennent automatiquement. Votre treizième mois, vos tickets restaurant ou votre mutuelle continuent selon les mêmes modalités, sauf mention contraire dans l'avenant de passage en CDI.
L'avenant ou le nouveau contrat : que choisir ?
Le choix entre un avenant au contrat ou la rédaction d'un nouveau CDI dépend des modifications apportées aux conditions de travail. Un avenant s'avère pertinent lorsque le poste, la rémunération et le lieu de travail restent identiques. Cette solution simplifie les démarches administratives pour l'employeur comme pour le salarié.
La signature d'un nouveau contrat devient nécessaire face à des changements substantiels : nouvelle qualification, évolution des responsabilités ou modification du temps de travail. Cette option permet une définition claire et complète du nouveau cadre professionnel.
Dans les deux cas, une lecture attentive des clauses s'impose. Un salarié peut par exemple demander un délai de réflexion raisonnable pour examiner la proposition avant signature.
Droits et obligations après la transformation
La transformation en CDI apporte des garanties renforcées pour le salarié. Le nouveau statut assure une protection accrue contre le licenciement, avec des indemnités calculées sur l'ensemble de l'ancienneté acquise depuis le premier CDD.
Le salarié bénéficie d'un accès élargi aux formations professionnelles et aux dispositifs d'évolution interne. Les droits au compte personnel de formation s'accumulent désormais sans limitation de durée.
La stabilité professionnelle ouvre aussi des portes pour les projets personnels. Les banques et les propriétaires considèrent le CDI comme un gage de solvabilité, facilitant l'accès aux prêts immobiliers et aux locations. Un salarié en CDI voit par exemple ses chances d'obtenir un crédit multipliées par trois par rapport à sa situation antérieure en CDD.
La rupture anticipée pour un poste en CDI
Un salarié en CDD peut mettre fin à son contrat s'il décroche un poste en contrat à durée indéterminée. Cette possibilité légale nécessite d'adresser un courrier recommandé à l'employeur actuel, accompagné d'une copie du nouveau contrat ou de la promesse d'embauche.
Le calcul du préavis suit une règle simple : un jour par semaine travaillée, sans dépasser deux semaines maximum. Par exemple, après 10 semaines en CDD, le préavis sera de 10 jours ouvrés.
La procédure de rupture exige quelques documents essentiels : la lettre de rupture anticipée, le justificatif du futur emploi en CDI et un état des congés restants. L'employeur ne peut pas s'opposer à ce départ, mais le respect du préavis reste obligatoire sauf accord mutuel pour y renoncer.
Le nombre maximum de CDD avant passage en CDI
La loi française encadre strictement le nombre de contrats à durée déterminée successifs. Un employeur peut renouveler un CDD deux fois au maximum sur le même poste. La durée totale des contrats, renouvellements inclus, ne doit pas dépasser 18 mois.
À partir du troisième CDD, le salarié peut demander la requalification de son contrat en CDI. Cette règle s'applique même si chaque contrat respecte individuellement les critères légaux. Un délai de carence reste obligatoire entre deux CDD sur un même poste.
Une exception notable concerne le remplacement d'un salarié absent : dans ce cas précis, plusieurs CDD peuvent se succéder sans limite numérique. Par exemple, un employé remplaçant un collègue en congé maladie longue durée peut enchaîner les contrats jusqu'au retour du titulaire du poste.
Les modifications possibles du poste
La transformation en CDI ouvre la voie à une redéfinition complète du poste. L'employeur garde la possibilité d'ajuster les responsabilités, le niveau hiérarchique ou même le service d'affectation du salarié.
Un changement de qualification professionnelle peut s'accompagner d'une évolution salariale correspondant aux nouvelles missions. Les horaires de travail, le lieu d'exercice ou encore le périmètre d'action sont également modifiables dans le respect du cadre légal.
La mobilité géographique constitue une autre option envisageable lors du passage en CDI, sous réserve qu'elle soit justifiée par les besoins de l'entreprise. Une clause de mobilité peut alors être intégrée au nouveau contrat, définissant précisément la zone concernée.
La période d'essai lors du passage en CDI
La durée des contrats à durée déterminée antérieurs vient réduire la période d'essai du nouveau CDI. Cette règle s'applique même si le salarié occupait un poste différent dans l'entreprise pendant ses CDD.
Un exemple pratique : pour une période d'essai initiale de 4 mois en CDI, un salarié ayant effectué 2 mois en CDD ne devra réaliser que 2 mois d'essai dans son nouveau contrat.
La convention collective peut prévoir des dispositions plus favorables, comme la suppression totale de la période d'essai lors du passage en CDI. Cette disposition bénéficie particulièrement aux salariés ayant déjà fait leurs preuves sur leur poste pendant plusieurs mois en CDD.
Les aides à l'embauche en CDI
Les entreprises bénéficient de dispositifs financiers avantageux pour transformer un CDD en CDI. Le montant des aides varie selon la taille de la structure et le profil du salarié.
En 2025, pour une PME de moins de 250 salariés, la transformation d'un CDD en CDI ouvre droit à une prime de 5 000 euros versée sur trois ans. Cette somme s'accompagne d'une réduction des charges patronales pendant 12 mois dans les zones de revitalisation rurale.
Les secteurs prioritaires comme l'industrie ou le numérique proposent des aides supplémentaires à la pérennisation des emplois. Un bonus de 3 150 euros s'applique notamment lors de la transformation du contrat d'un travailleur handicapé.
France Travail accompagne les employeurs dans leurs démarches administratives pour obtenir ces financements. Un simulateur en ligne permet d'évaluer rapidement le montant total des aides accessibles.
L'ancienneté : calcul et conservation
La conservation de l'ancienneté lors du passage en CDI suit des règles précises. Un salarié garde automatiquement son ancienneté acquise pendant son CDD lorsque la transformation se fait sans interruption entre les deux contrats.
Cette règle s'applique même si le poste occupé change au moment du passage en CDI. Par exemple, un commercial ayant travaillé 8 mois en CDD conservera cette ancienneté en devenant responsable des ventes en CDI.
La convention collective peut prévoir des modalités spécifiques pour la reprise d'ancienneté, notamment quand plusieurs CDD se sont succédé avec des interruptions. Les droits liés à l'ancienneté comme les congés payés ou la prime d'ancienneté restent acquis selon les dispositions conventionnelles applicables.

Team Eurécia
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