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Article - Santé mentale

Risques psychosociaux (RPS) : ce qu'il faut savoir !

Collaboratrice en burn out par manque de prévention des risques psycho-sociaux

L’ABC des RH

Les fondamentaux des ressources humaines expliqués de A à Z

La prévention des risques psychosociaux (RPS) est une responsabilité inscrite dans le cadre légal des entreprises depuis les années 2000. Pourtant, les enjeux restent majeurs : les troubles psychologiques représentent aujourd'hui le troisième motif d'arrêt maladie et le premier pour les arrêts de longue durée (baromètre de l’absentéisme 2023). Face à cette réalité, comment mieux comprendre les RPS, mesurer leur impact en entreprise et, surtout, mettre en place des actions de prévention efficaces et durables ?

 

Risques psycho-sociaux : de quoi parle-t-on ?

Définition des RPS

Les risques psychosociaux sont définis comme un risque pour la santé physique et mentale des travailleurs. Plusieurs types de risques sont à distinguer :

  • Le stress provenant du sentiment de ne pas atteindre les exigences ou les attentes demandées ;
  • Les violences internes commises par des travailleurs : conflits, harcèlement moral ou sexuel ;
  • Les violences externes exercées par des personnes extérieures à l’entreprise à l’encontre des salariés : menaces, insultes, agressions ;
  • Le syndrome d’épuisement professionnel ou burnout.

Ces risques psychosociaux peuvent être combinés et interagir les uns avec les autres. Par exemple, une situation de violence interne et du stress chez un salarié peuvent engendrer d’autres tensions avec le reste de l’équipe provoquant un stress généralisé dans l’entreprise.

Quels sont les 6 facteurs de risques psychosociaux ?

L’INRS dénombre 6 grands facteurs de RPS :

  • Les exigences au travail : objectifs irréalistes, surcharge de travail, imprévisibilité des horaires ;
  • Les exigences émotionnelles : violences physiques ou verbales, relations de travail tendues, devoir masquer ses émotions ;
  • Le manque d’autonomie : faible marge de manœuvre pour réaliser les tâches, rythme de travail imposé, absence de responsabilités et de montée en compétences ;
  • Les relations de travail : absence de reconnaissance et de solidarité, tensions au sein des équipes ;
  • Les conflits de valeur : perte ou absence de sens au travail ;
  • L’insécurité de la situation de travail : retard dans les versements des salaires, précarité d’un contrat, changement de qualification sans y être préparé.

 

Quelles sont les conséquences des risques psycho-sociaux en entreprise ?

Les conséquences des RPS pour les salariés

Les situations de travail stressantes peuvent sérieusement impacter la santé des salariés. Entre maladies cardio-vasculaires, troubles musculosquelettiques, anxiété, épuisement professionnel, et dans les cas les plus graves, le suicide, les conséquences sont lourdes. Bien sûr, chaque personne réagit différemment, mais le mal-être au travail reste un signal d'alerte universel.

En France, 45% des actifs déclarent être constamment pressés, et 25% craignent de perdre leur emploi (source : INRS). Et selon le dernier baromètre du cabinet Empreinte humaine, 48% des salariés souffrent de détresse psychologique, 34% se déclarent en burn out et 58% des jeunes employés se disent épuisés. Ce climat d'urgence et d'insécurité alimente les risques psychosociaux (RPS), des tensions qui, à terme, peuvent fragiliser l'équilibre professionnel et personnel.

Les conséquences des RPS pour les entreprises

Du côté des organisations, les dommages causés par les risques psychosociaux sont tout aussi importants. En effet, la santé mentale est étroitement liée à la productivité et à la performance. Des salariés qui sont en état de stress, de surmenage ou d’anxiété ne sont pas dans de bonnes dispositions pour travailler, ce qui impacte directement leur efficacité, leur motivation et par ricochet la performance de l’entreprise.

L’absentéisme causé par l’existence de RPS représente aussi et surtout des coûts financiers non négligeables pour les organisations. Tout d’abord des coûts directs liés aux arrêts de travail, puis des coûts indirects tels que la perturbation des services, le remplacement du collaborateur absent, le turnover et la perte de productivité.

Le saviez-vous : le coût direct de l’absentéisme par salarié s’élève en moyenne à 1535 € (baromètre 2024 publié par WTW).

 

Comment prévenir les RPS ?

Mesurer et identifier les risques psychosociaux

Pour prévenir les risques psychosociaux, encore faut-il savoir les mesurer. Il est essentiel de s'appuyer sur des outils de diagnostic adaptés tels que les enquêtes de bien-être, les baromètres sociaux ou les entretiens individuels. Avec les données récoltées, vous pouvez évaluer le climat social et identifier les signaux faibles, souvent discrets mais révélateurs (absentéisme répété, turnover, tensions latentes).

Renforcer la prévention en amont : former, sensibiliser, écouter

Prévenir les RPS, c'est d'abord agir en amont. Il est important que les équipes soient sensibilisées et que les managers soient formés à cette thématique, car ce sont eux les premiers relais du bien-être au travail. En pratique, cela suppose qu’ils soient capables de comprendre les tenants et aboutissants des RPS, de savoir détecter les signaux faibles, et d’apprendre à désamorcer les tensions.

Si ces tensions mènent à des conflits, même mineurs, il faut apprendre à les résoudre rapidement, retrouvez nos 4 conseils pour gérer une situation de conflit au travail.

Mais la prévention ne s'arrête pas là. Il s'agit aussi d'instaurer une véritable culture du feedback et de l'écoute active. Créer des espaces de dialogue, encourager les retours constructifs, valoriser les initiatives sont autant de leviers à mettre en place pour libérer la parole et renforcer le climat de confiance.

Enfin, la communication vient renforcer cette dynamique. N’hésitez pas à partager des ressources utiles, à rappeler les dispositifs d'accompagnement disponibles et à valoriser les bonnes pratiques. Ces gestes, simples en apparence, contribuent à ancrer la prévention dans le quotidien.

Pour prévenir les RPS, impliquez les managers de votre organisation pour fluidifier le partage d’information et donner l’occasion au collaborateur de se confier sur sa situation. Partagez cette trame d'entretien one-to-one à vos managers et favoriser la communication et le bien-être au sein de vos équipes : 

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Mettre en place des actions sur-mesure pour accompagner et protéger

Quand les RPS sont identifiés, l’enjeu est d’agir vite et bien en commençant notamment par un suivi personnalisé des collaborateurs exposés. Par exemple, un collaborateur est confronté à une surcharge de travail ? Pourquoi ne pas aménager temporairement ses missions et mettre en place des entretiens réguliers avec son N+1 pour évaluer l’évolution de sa situation ?

Vous pouvez également ajouter des dispositifs d’écoute accessibles et confidentiels : lignes d’écoute, cellules de soutien, temps d’échanges dédiés. Ces espaces offrent aux collaborateurs la possibilité de verbaliser leurs difficultés avant qu’elles ne deviennent des sources de mal-être durable.

Enfin, pensez à anticiper la gestion des tensions en facilitant le dialogue et en désamorçant les incompréhensions.

Le premier pas pour accompagner vos collaborateurs consiste à leur offrir un espace sécurisant dans lequel ils se sentiront prêts à s’exprimer sincèrement. Pour cela il faut d’abord oser briser les tabous persistants en entreprise, Jean-Jacques Montlahuc, auteur de Se dire la vérité en entreprise nous donne ses conseils dans un podcast sur les tabous et vérités au travail.

Évaluer et ajuster les actions

La prévention des RPS doit s'appuyer sur une évaluation continue, en analysant régulièrement les retours d’enquêtes, les indicateurs RH (absentéisme, turnover, climat social) et les feedbacks terrain. L’objectif ? Réajuster les mesures de prévention en fonction des réalités vécues, tester de nouvelles approches si nécessaire, et surtout, ne jamais perdre de vue que la prévention est un processus vivant.

Par exemple, si une enquête révèle une hausse du stress lié aux délais de production, il sera nécessaire d’ajuster les priorités ou d’alléger la charge de travail. De même, des retours fréquents sur le manque de communication interne peuvent conduire à repenser les canaux d'échange ou à renforcer les points d’information collectifs.

En somme, les risques psycho-sociaux sont une réalité dont l'impact peut être significatif en entreprise. Leur prévention repose sur l'implication de l'ensemble des parties prenantes : des RH aux managers, en passant par la direction et les collaborateurs.

Pour prévenir les RPS, faites le point sur la QVCT de vos collaborateurs. Évaluez le niveau de bien-être général et identifiez les actions à mettre en place pour améliorer la qualité de vie au travail au sein de votre entreprise grâce à ce questionnaire :

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Experte en RH

Ancienne juriste et RH, Sonia n’a jamais tourné le dos à l’entreprise… même si son rêve était d’écrire des scénarios pour le cinéma. Aujourd’hui…