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Article - Sciences

Surcharge mentale : le mal invisible qui nous épuise

jeune femme endormie sur un canapé

Dans nos cerveaux

Les sciences cognitives et comportementales pour comprendre nos décisions

Impossible de passer à côté de ce véritable fléau des temps modernes : la charge mentale. Concept flou mais si souvent évoqué, la charge mentale s’invite dans toutes les discussions tant professionnelles qu’amicales. Les médias et les réseaux sociaux, qu’ils traitent d’économie, de RH, de management, de développement personnel ou de bien-être, rivalisent de trucs et astuces pour vous alléger cette maudite charge. Pourtant, il y a fort à parier que malgré tous les articles lus, tous les exercices de respiration, toutes les to-do lists soigneusement rédigées … rien n’y fasse. Vous êtes régulièrement surchargé.  

Une question de charge cognitive et émotionnelle

Si la charge mentale n’est pas un concept scientifique à proprement parler, elle conjugue deux notions qui, elles, sont abondamment étudiées par les sciences humaines et sociales : la charge cognitive et la charge émotionnelle. La première désigne l’effort de notre cerveau pour traiter des informations en parallèle ; la seconde, l’intensité des émotions générées par ces responsabilités. Leur combinaison forme la pression psychologique liée à la coordination de nos multiples responsabilités.  

Or, dès que vous avez une responsabilité, vous avez une charge. Vous êtes « en charge » de vos enfants, de votre animal domestique, de votre logement, etc. Ce qui ne pose pas forcément de problème et vous apporte, espérons-le, quelques joies ! En revanche, lorsque ces responsabilités se superposent dans un espace-temps contraint, avec des ressources limitées… c’est le drame de la SURcharge !  

Elle se manifeste dans trois situations :

  • Trop de choses à gérer (exemple : organiser un départ en vacances).
  • Une tâche unique mais anxiogène (exemple : aller chez le dentiste).
  • Des contraintes extérieures fortes, même pour des tâches simples (exemple : une échéance raccourcie, en urgence).

Notre cerveau, tel un ordinateur, atteint alors ses limites.

Les facteurs aggravants dans le monde du travail

Le monde professionnel est particulièrement touché par la surcharge mentale : en France, 87 % des cadres déclarent être stressés (Baromètre Mooncard / Ifop). Les salariés seraient même 23% à s’évaluer « à risque de dépression » (Enquête Teale). Et les entreprises feraient bien de s’en préoccuper. Car la santé mentale est, entre autres, un levier avéré de performance.

D’où provient cette saturation mentale, particulièrement prégnante dans le contexte professionnel ?  

Les neurosciences cognitives montrent que notre mémoire de travail peut gérer, en moyenne, jusqu’à 7 éléments à la fois (Georges A Miller, The magical number 7). Mais l’environnement professionnel actuel impose :

  • Multitâche et interruptions constantes.
  • Volume croissant d’informations.
  • Pression temporelle permanente.
  • Complexité accrue des missions.

Ces facteurs saturent nos capacités cognitives, déclenchant stress, anxiété et fatigue. La surcharge mentale affecte alors nos performances (trous de mémoire, difficulté de concentration), nos émotions (irritabilité, mal-être) et notre santé physique (troubles du sommeil, douleurs chroniques).

Alléger la surcharge : trois axes

Pour réduire la surcharge mentale, il faut agir sur ses trois sources : la pression cognitive, émotionnelle et organisationnelle.

  1. Lâcher prise sur la perfection. Abandonner les injonctions de contrôle ou de réussite absolue diminue naturellement la charge cognitive. Par exemple, accepter qu’un dîner imparfait puisse offrir un moment convivial reste l’essentiel.
  2. Rééquilibrer les émotions. Selon le neuroscientifique Rick Hanson, notre cerveau agit comme du Velcro pour le négatif et du Tefal pour le positif. Cultiver un journal des petits bonheurs — un café, un fou rire, un dossier bouclé — renforce notre perception des moments agréables. Les moments de rupture, de pause, d’errance mentale apportent, preuves scientifiques à l’appui, performance et mieux-être.
  3. Mieux s’organiser. Développer son assertivité, apprendre à dire non quand cela est justifié, planifier et anticiper sont des compétences essentielles pour reprendre le contrôle sur ses priorités.

Comment enclencher une spirale vertueuse ?

S’alléger ne demande pas un effort surhumain ni des transformations radicales mais plutôt de petits ajustements progressifs. Choisissez un geste simple : lâcher une mauvaise habitude, savourer un moment ou mieux planifier votre semaine. Associez un moment agréable à chacune de vos nouvelles routines. Moins de surcharge, c’est plus de liberté.  Alors, quel sera le prochain fardeau dont vous allez vous délester ? 

 

Consultant et expert en neurosciences

Michel Abitteboul est consultant en communication et expert en neurosciences. Il a dirigé la communication de grandes entreprises internationales…

Dans nos cerveaux

Au travail comme à la maison, les sciences cognitives et comportementales nous permettent de comprendre de plus en plus finement la complexité de nos comportements et des processus cognitifs qui les sous-tendent. Mémoire, fonctionnement psychologique et organisationnel, charge mentale ou charge émotionnelle : chaque chronique explore les méandres de l'esprit humain à travers le prisme des sciences cognitives et comportementales.

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