[Paroles d'experts] “ne surtout pas se précipiter”

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Sur notre blog Vie de Bureau, nous aimons donner la parole à des experts RH, management ou encore QVT. Aujourd'hui, nous avons le plaisir d'accueillir :

  • Thomas Marin, consultant en santé, sécurité et environnement chez TM SAFETY

Thomas Marin a fondé TM SAFETY en 2019. C'est une entreprise du domaine de la santé, la sécurité au travail et la gestion environnementale des entreprises. Leur mission est d'accompagner les entreprises à travers des expertises de terrain et une ligne d’accompagnement personnalisée.

Lets go ! wink

 

Quel est le premier conseil que vous donnez aux entreprises dans ce contexte si particulier ?

Mon premier conseil et que je répète sans cesse à mes clients, c’est “ne surtout pas se précipiter”. S’il y a un seul conseil à retenir c’est celui-ci. Et de s’entourer de consultants si l’entreprise n’a pas de compétences en sécurité et santé en interne.


Quelle est la réflexion à avoir ? Par ordre de priorité.

Premièrement, il est nécessaire et indispensable de faire comprendre à tous les acteurs de l’entreprise les actions, les enjeux et comment bien se prémunir. La priorité est la sensibilisation des salariés.
Voici les bonnes questions à se poser :

  • Est-ce que le personnel va comprendre la démarche de l’entreprise ?
  • Jusqu’où l’entreprise est prête à invertir dans l’hygiène et la sécurité ? La question budgétaire et ROI fait partie de la réflexion.
  • Quelle est la stratégie d’image de l’entreprise ?

 

Parmi les obligations légales, il y a le Document Unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP). Quelles sont les bonnes pratiques en cette période ?

Le DUERP est une obligation légale de l’employeur, qui est responsable pénalement s’il ne le tient pas à jour. Premièrement, une évaluation des risques doit être faite, l’évaluation des risques psycho-sociaux (RPS) est la plus importante. Une fois l’évaluation réalisée, il faut mettre en place un plan d’action tout en réussissant à se conformer à la règlementation en vigueur. Dans le cas Covid-19, il n’y a pas encore de réelle jurisdiction. C’est alors le principe d’un entonnoir : comment supprimer le risque, le substituer, encadrer les actions puis mettre en place des EPI ? La question des EPI est vraiment le dernier point d’étude à réaliser. Les chefs de projet font souvent l’erreur de traiter le sujet des EPI en premier.

 

Et le plan de continuité de l’activité (PCA) ? Quelles sont les bonnes pratiques ?

Le PCA est un élément stratégique avec un aspect autant financier que sur la gestion des ressources humaines. L’idée avec ce document est de définir le Pourquoi et le Comment : qui travaille ? Qui en a besoin ? Que ne peut pas travailler ? Qui est à risque ? Télétravail ou non ? En open-space ? Chômage partiel ?... Il peut y avoir également une notion temporelle en définissant des roulements d’équipes par exemple. Mais cette notion est encore difficile à mesurer. Nous n’avons pas de visibilité sur le temps de la crise. Il y aura d’ailleurs plusieurs moments clés durant la crise et la reprise progressive où l’employeur devra remettre en question l’ensemble du plan d’actions et l’adapter en fonction de l’actualité sanitaire.


Qu’en est-il sur le protocole d’hygiène ?

Bien souvent, je constate qu’il n’est pas assez complet. L’élaboration de ce document demande un grand travail de la part de l’entreprise. Il est primordial d’assurer les compétences nécessaires, de bien se faire accompagner en interne ou en externe. Dans cette réflexion, il faut penser stratégie et non seulement prévention à court terme. Rédiger ce protocole nécessite d’avoir un recul pour se positionner stratégiquement à court et long terme. Il est important d’exposer et d’anticiper plusieurs scénarios. La pénurie d’EPI est un excellent exemple. Il faut faire preuve d’agilité et trouver des alternatives selon les cas différents.

 

Quelles sont les principales difficultés que les entreprises vont rencontrer ?

Le point critique n°1 est l’approvisionnement en équipement de protection individuelle (EPI). Selon le protocole d’hygiène, les EPI ne seront pas indispensables. Il va falloir faire oublier ce préjugé “il faut absolument des EPI pour être en sécurité” en cherchant cet aspect psychologique auprès des salariés. Pour cela, il faut rappeler ce qu’est le Covid-19, quels en sont les symptômes, comment il se transmet et expliquer les actions choisies pour contrer la propagation du virus. Il est important de les rassurer et les convaincre que les EPI ne sont pas toujours nécessaires en permanence, avec des plans de gestion des flux et les organisations de travail sur-mesure.

Exemples : bureaux (re)cloisonnés, distanciation, contrôles d’hygiène réguliers, télétravail, roulements d’équipes...

 

Y a-t-il un détail que les entreprises oublient souvent ?
Oui, justement ils oublient la plupart du temps de communiquer auprès des salariés et les façons différentes de le faire. Les gens pensent qu’ils sont obligés d’aller au contact pour s’exprimer. On a tendance à oublier les atouts et le sens de la communication non-verbale. Même à distance nous pouvons sourire et faire preuve d’empathie. Dans ce contexte il ne faut pas oublier d’orienter sa communication vers une communication non-verbale grâce notamment à la gestuelle.
 
Des conseils pour choisir ses prestaires d’hygiène et de sécurité ?
 
Encore une fois, ne surtout pas se précipiter ! Pour bien choisir ses prestataires, je conseille de réfléchir sur sa capacité d’approvisionnement : pour combien de personnes, quantité nécessaire pour un jour de travail, donc combien de temps vais-je pouvoir protéger mes salariés avec telle quantité. Renseignez-vous également sur le délai d’approvisionnement, et sur la stratégie de prévention de votre fournisseur mise en place.
Un bon fournisseur se doit de mettre en place une stratégie de prévention chez lui. Parlez budget également. Il est important de garder sa ligne budgétaire. Posez-vous la question : “Avant je n’assignais pas un tel budget, pourquoi je le fais maintenant et est-ce la bonne stratégie ? Est-ce que ça vaut le coup ?”.
Malgré le contexte difficile, gardez le contrôle sur l’aspect économique et le rapport retour sur investissement, ils sont partis intégrantes de votre stratégie globale.
 

Les fonctions RH sont au cœur de la gestion de crise du Covid-19.  Pour mieux comprendre les enjeux RH de la crise sanitaire et les manières dont on peut y faire face au quotidien, nous avons donné la parole à des hommes et des femmes de terrain.

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Cet article a été rédigé par Jennifer Delmas

Communauté RH

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