Retour

  4 mins

 

Article - Générations

La retraite : qui la redoute et qui en rêve ?

accolade père et fils

Générations

Quand une millennial explore le rapport au travail des différentes générations


En octobre dernier, ma belle-mère a pris sa retraite. Plusieurs mois avant le d-day, elle en parlait, l’organisait, l’imaginait. Toujours avec une note craintive dans la voix au point que mon conjoint s’inquiétait qu'elle s'ennuie sans son quotidien professionnel.  

Pour ma part, j’ai commencé à développer une tonne d’idées sur ce qu'elle pourrait faire de ses journées. À savoir : tout ce que je n'ai pas le temps de faire des miennes (ou du moins, c'est l'excuse que je me trouve). Apprendre à dessiner, aller au cinéma, voir des films en avant-première, cuisiner de nouvelles recettes dont la liste d'ingrédients demande de faire les courses dans quatre magasins différents, et enfin, oui enfin, lire l'intégralité d’”À la recherche du temps perdu”.

Autour de moi, nous sommes nombreux à regarder avec envie nos parents prendre leur retraite. Nos parents, eux, la craignent ou la subissent de plein fouet. Pourquoi cette différence de perception ?

Est-ce parce que nous sentons que nos générations n'auront pas accès à une pension de retraite assez élevée pour aller au cinéma chaque mois ? Est-ce un manque de maturité de notre part que d'imaginer qu'une journée libre est la plus belle perspective qu'on puisse avoir ? Ou est-ce tout simplement parce que notre rapport au travail est différent de celui de la génération de nos parents ?

Tout d’abord, sachez que c’est bel et bien un fait : la retraite fait rêver, toutes générations confondues. Pour 50 % des personnes âgées de plus de 18 ans, c’est “une nouvelle vie qui commence”, tandis que presque 45 % d’entre elles sont attirées par le fait que la retraite offre “plus de temps pour soi”. Pour presque 30 %, la retraite est même synonyme de “repos”, de “sérénité” rapporte une étude de la Caisse des Dépôts.

Pourtant, selon cette même étude, quand on se retrouve aux portes de l’inactivité professionnelle, le bien-être chute significativement : -0,5 points sur 10 lors du passage à la retraite. Plongeon en piqué vers la déprime.

A rebrousse-poil de ces chiffres, j’aime à penser que, lorsque notre temps arrivera à nous aussi, les Millennials, de rendre nos tabliers, nous célébrerons la retraite comme l’étape de vie fantastique que nous avions imaginée.

Pourquoi ? Parce que les jeunes générations cherchent d’ores et déjà à se définir ailleurs que dans leur travail et à trouver du bien-être dans les activités parallèles qu’elles entreprennent. D’ailleurs, nous sommes de plus en plus à avoir des activités professionnelles en parallèle de notre boulot principal. En 2022, plus d’un quart des actifs français étaient déjà des “slasheurs” - soit des personnes ayant une deuxième activité en plus de leur job principal. Et 96 % le font par choix, et non par nécessité (étude Creatests).

En somme, les jeunes semblent craindre moins l’inactivité professionnelle parce qu’ils construisent déjà un système de sens dans leur vie personnelle.

Alors, derrière la crainte de nos aînés vis-à-vis de la retraite, il me semble qu’il se cache une leçon pour nos entreprises. Plus que de donner du sens au travail lui-même, ne serait-il pas formidable que les entreprises permettent aux individus de découvrir leur valeur en dehors de leur métier ?

Et si nos entreprises étaient capables de nous offrir, non seulement plus de sens, mais aussi assez de “temps de cerveau disponible”, en dehors de nos missions quotidiennes, pour faire de nous de meilleurs futurs retraités ? Des inactifs qui continueront à percevoir le travail comme foncièrement positif, à le prôner comme tel auprès des générations suivantes… mais qui n’auront pas peur de le quitter, car ils auront conscience de toutes les qualités qu’ils peuvent apporter ailleurs ?

Pour ça, il nous faudrait repenser la valeur travail elle-même, à l’aune de ce qu’elle apporte vraiment à la société.

J’en veux pour exemple mon père. Avec plus de quarante ans passés dans la même entreprise, il a été le plus fidèle de tous les collaborateurs. Quand il a pris sa retraite, il a continué à travailler plusieurs années pour le même employeur, mais en tant qu’indépendant. Et, lorsque cette même entreprise a commencé à lui proposer des missions ayant moins de sens pour lui, il a arrêté toute activité rémunérée, pour passer du côté retraité de la force : l’association de quartier et les siestes bien méritées.

Je rêve d’un monde où on nous aide moins à devenir de parfaits travailleurs que de formidables retraités. Travailler mieux, pour gagner plus de valeur à la retraite : ça vous parle ? 

Rédactrice RH

Content Manager indépendante, Eléonor a une patte littéraire dans un gant de velours 2.0. Fascinée par les interactions humaines et l’univers du web…

Générations

Vous êtes-vous déjà demandé ce qui se passe dans la tête de vos plus jeunes collaborateurs ? Ou pourquoi vos collègues plus âgés ne semblent pas travailler comme vous ? Appartenant moi-même à la génération des millennials, j’observe avec curiosité les nouvelles interactions humaines. Avec Générations, explorons comment les différentes générations façonnent leur rapport au travail : aspirations, valeurs et modes d’interaction. Une réflexion sur ce qui nous distingue… et ce qui pourrait nous rapprocher.

Restez informés de toute l’actu
& inspirez vous au quotidien

(et bien plus 🤓)