TVA sur la refacturation des frais de déplacement : tout ce qu'il faut savoir

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Illustration représentant la tva à refacturer pour les frais de déplacement

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La refacturation des frais de déplacement professionnels soulève de nombreuses questions en matière de TVA. Les règles varient selon la nature des dépenses : billets de train, frais d'hébergement, location de véhicule ou restauration. Le taux de TVA applicable dépend du statut fiscal de l'entreprise et du type de frais engagés. Comprendre ces mécanismes permet d'éviter les erreurs courantes et d'assurer une gestion comptable rigoureuse de vos refacturations.

Les principes fondamentaux de la TVA sur les frais

La distinction entre débours et frais refacturés

Les débours correspondent aux dépenses engagées au nom et pour le compte du client, comme des frais d'impression facturés directement au nom de ce dernier. Le remboursement s'effectue à l'euro près, sans application de TVA.

Les frais refacturés représentent des dépenses réalisées par l'entreprise en son nom propre, puis répercutées sur le client. Un consultant qui avance 200€ de frais d'hôtel lors d'une mission devra appliquer la TVA lors de la refacturation.

Prenons l'exemple d'un télésecrétaire : si il paie des impressions au nom de son client, il les traite en débours. À l'inverse, ses frais de déplacement pour une réunion constituent des frais refacturés, soumis à TVA.

Les règles d'assujettissement à la TVA

La refacturation des frais professionnels s'inscrit dans un cadre fiscal précis. Une entreprise assujettie applique la TVA au taux normal de 20% sur l'ensemble des frais refacturés, même quand la TVA n'était pas récupérable sur la dépense initiale.

Les auto-entrepreneurs et entreprises en franchise de TVA n'appliquent aucune TVA sur leurs refacturations de frais. Pour les autres structures, la base de calcul inclut systématiquement le montant hors taxe des dépenses engagées.

Les règles de facturation exigent d'indiquer clairement le montant HT, le taux de TVA applicable et le montant TTC sur chaque facture. Un numéro de TVA intracommunautaire doit également figurer sur les documents pour garantir la conformité fiscale.

Le cas particulier des frais de transport

Les frais de transport suivent une réglementation spécifique en matière de TVA. Leur facturation dépend directement du moment où s'opère le transfert de propriété des marchandises transportées.

Pour un transport facturé au centime près sans marge commerciale, aucune TVA ne s'applique sur la refacturation. À l'inverse, dès qu'une entreprise ajoute une marge ou propose un forfait, la TVA devient obligatoire au taux de 20%.

Un exemple concret : une société livre des produits à son client pour 200€ de transport. Sans marge, elle refacture 200€ nets. Avec une marge de 50€, elle facture 250€ HT plus 50€ de TVA, soit 300€ TTC.

Quel taux de TVA appliquer selon le type de frais ?

Les taux applicables aux frais de déplacement

La déductibilité de la TVA varie selon la nature des déplacements professionnels. Les billets de train, d'avion et les trajets en taxi ne permettent pas de récupérer la TVA. Le montant TTC sert alors de base pour la refacturation, sur laquelle s'applique le taux standard de 20%.

Pour les déplacements en voiture, la TVA sur le carburant se récupère à hauteur de 80% sur les véhicules de tourisme et 100% sur les utilitaires. Le péage autoroutier et le stationnement suivent le taux normal de 20%.

Les entreprises peuvent choisir entre une facturation au réel ou un système forfaitaire. Le barème kilométrique, par exemple, n'inclut pas de TVA mais la refacturation reste soumise au taux de 20% sur le montant calculé.

Le cas spécifique de la location de véhicule

La TVA sur la location de véhicules suit des règles distinctes selon leur catégorie. Pour les véhicules utilitaires servant au transport de marchandises, l'entreprise récupère 100% de la taxe sur le contrat de location et les services associés.

Les véhicules de tourisme font l'objet d'un traitement fiscal différent : aucune récupération n'est autorisée sur le montant de la location. Cette restriction s'étend aux prestations annexes comme l'entretien ou les réparations facturées par le loueur.

Certains secteurs bénéficient d'exceptions, notamment les auto-écoles et les sociétés de transport de personnes, qui peuvent déduire intégralement la TVA sur leurs locations. Un garage proposant des véhicules de remplacement à sa clientèle profite également de cette déductibilité totale.

Les frais d'hébergement et de restauration

La TVA sur les prestations hôtelières s'applique au taux de 10% pour les nuitées et services associés comme le ménage ou la blanchisserie. Une particularité majeure : la TVA n'est pas récupérable sur les frais d'hébergement des salariés et dirigeants.

Les dépenses de restauration suivent un régime fiscal distinct. Le taux de TVA standard est fixé à 10% pour les repas à consommation immédiate. La bonne nouvelle ? Cette TVA reste entièrement récupérable pour les repas professionnels, qu'il s'agisse de déjeuners d'affaires ou de repas lors des déplacements.

Les boissons alcoolisées constituent une exception avec un taux unique de 20%. Pour optimiser vos remboursements de frais, conservez les factures détaillant la ventilation entre les différents taux applicables.

Les modalités pratiques de facturation au client

La facturation en montant HT ou TTC

La base de facturation dépend directement de la récupération possible de la TVA sur vos dépenses. Pour une gestion optimale, appliquez cette règle simple : facturez en HT uniquement les frais dont la TVA reste récupérable dans votre comptabilité.

Les montants TTC s'imposent pour toutes les autres dépenses non déductibles. Par exemple, un billet de train de 100€ TTC sera refacturé sur cette base, tandis qu'un péage autoroute de 50€ HT pourra être facturé hors taxe.

La procédure habituelle recommande de créer des lignes distinctes sur vos factures pour chaque type de frais. Cette méthode permet à vos clients de mieux comprendre la ventilation entre montants HT et TTC.

L'établissement d'une note de frais détaillée

Une note de frais professionnelle requiert une structure claire et détaillée. Le document doit présenter chaque dépense de manière chronologique avec sa date, sa nature et son montant.

La ventilation des frais par catégorie facilite leur analyse : transport, hébergement, restauration. Pour chaque ligne, précisez le taux de TVA applicable et son montant.

Un récapitulatif global complète la note en additionnant les sous-totaux par type de dépense. L'ajout des références des justificatifs correspondants (numéros de facture, tickets) renforce la traçabilité du document.

N'oubliez pas d'indiquer le contexte professionnel : motif du déplacement, lieu de la mission, nom du client concerné par la refacturation.

Les mentions obligatoires sur la facture

La réglementation impose des mentions spécifiques sur chaque facture de refacturation des frais de déplacement. Le document doit comporter votre numéro SIREN, votre raison sociale et vos coordonnées complètes.

Pour garantir la validité fiscale, ajoutez le numéro unique de la facture, la date d'émission et les modalités de règlement. Une attention particulière s'impose sur l'indication des taux et montants de TVA applicables selon la nature des prestations.

Votre base d'imposition doit apparaître clairement avec la distinction entre le prix HT des services et celui des frais annexes. N'oubliez pas d'indiquer l'adresse de facturation si elle diffère de l'adresse du siège social, une exigence en vigueur depuis 2019.

Le calcul des frais refacturés avec TVA

La méthode de calcul pour les frais de transport

Le calcul des frais de transport s'appuie sur deux approches principales. La première utilise le barème kilométrique officiel, multipliant la distance parcourue par le taux correspondant à la puissance du véhicule.

La seconde méthode repose sur un forfait fixe par déplacement. Par exemple, une entreprise peut définir un montant de 45€ pour tout trajet inférieur à 100 km. Cette approche simplifie la gestion administrative mais demande une mise à jour régulière des tarifs.

Pour les transports en commun, le calcul s'établit sur la base du prix réel du billet, auquel s'ajoute une marge de gestion standard de 10% à 15%. Un consultant facturant un trajet Paris-Lyon à 120€ pourra ainsi appliquer une marge de 12€, soit un total de 132€ avant application de la TVA.

L'intégration des frais accessoires

La gestion des frais accessoires requiert une attention particulière lors de leur refacturation. Les péages, parkings et autres dépenses annexes doivent apparaître sur des lignes distinctes dans votre comptabilité.

L'utilisation d'un compte dédié aux frais accessoires permet un meilleur suivi des charges d'exploitation. Les dépenses comme le stationnement ou les suppléments bagages s'intègrent naturellement au montant global de la prestation.

Un suivi rigoureux s'avère indispensable pour les déplacements sur un salon professionnel. Les entrées, la documentation technique ou encore les cartes de visite constituent des frais accessoires à comptabiliser séparément. La TVA déductible sur ces éléments suit le régime fiscal de l'activité principale.

Les outils de gestion et suivi

Les solutions digitales transforment radicalement la gestion des notes de frais. Des applications mobiles permettent la numérisation instantanée des justificatifs et leur catégorisation automatique selon les taux de TVA applicables.

Un logiciel de notes de frais comprenant un tableau de bord intelligent centralise l'ensemble des données et génère des rapports détaillés sur les dépenses professionnelles. Cette automatisation réduit considérablement les erreurs de saisie et accélère le processus de remboursement.

L'intégration avec les logiciels comptables facilite le traitement des écritures et la préparation des déclarations fiscales. Les entreprises gagnent un temps précieux grâce à la synchronisation automatique des données entre les différentes plateformes.

La traçabilité complète des opérations renforce la conformité réglementaire et simplifie les contrôles internes.

Les cas particuliers et exceptions

Les frais engagés à l'étranger

La récupération de TVA sur les dépenses à l'étranger répond à des règles spécifiques selon les pays. Dans l'Union Européenne, les entreprises françaises peuvent demander le remboursement via le portail fiscal, sous réserve d'un montant minimum variable selon les États.

Les frais de transport internationaux bénéficient d'un régime particulier. Les trajets ferroviaires entre deux pays européens sont généralement exonérés de TVA. En revanche, les déplacements en voiture ou en bus restent soumis à la taxe du pays où le service est rendu.

Pour les dépenses hors Union Européenne, la récupération s'effectue directement auprès des autorités fiscales locales. Chaque pays fixe ses propres conditions d'éligibilité et délais de remboursement. Un expert-comptable spécialisé peut vous accompagner dans ces démarches complexes.

La location de véhicules de tourisme

La TVA sur les locations de véhicules de tourisme présente des spécificités que les entreprises doivent maîtriser. Le principe fondamental : la TVA reste non déductible sur ces locations, sauf pour certains secteurs d'activité.

Les auto-écoles, sociétés de transport de personnes et entreprises de location automobile bénéficient d'un régime particulier autorisant la déduction complète de la TVA. Par exemple, une auto-école peut récupérer 100% de la TVA sur ses véhicules doubles commandes.

Les dépenses accessoires liées à ces locations suivent le même régime fiscal. Le carburant fait exception avec une déductibilité limitée à 80% pour les véhicules de tourisme roulant au gazole ou au superéthanol E85. Cette règle s'applique même quand l'entreprise refacture ces frais à ses clients.

Les prestations mixtes

Les prestations mixtes combinent plusieurs types de services avec des taux de TVA distincts. Un cabinet de conseil qui propose des formations sur site associe la prestation intellectuelle à 20% aux repas facturés à 10%.

La ventilation précise des montants sur la facture permet d'appliquer le bon taux à chaque élément. Cette répartition s'avère particulièrement pertinente lors des missions longues incluant des frais d'hébergement ou de restauration.

L'utilisation d'un logiciel spécialisé facilite le suivi comptable des prestations mixtes. Le paramétrage des différents taux de TVA garantit une facturation conforme aux exigences fiscales, tout en optimisant la récupération des taxes sur les achats liés à l'activité professionnelle.

L'optimisation de la refacturation des frais

Les bonnes pratiques de gestion

La mise en place d'un système de validation hiérarchique garantit un traitement efficace des notes de frais. Un responsable vérifie la conformité des justificatifs avant transmission au service comptable.

L'adoption d'une charte interne simplifie la gestion quotidienne. Ce document détaille les plafonds de dépenses autorisés par type de frais et les procédures de remboursement. Par exemple, un commercial peut savoir instantanément le budget maximum alloué pour un repas d'affaires.

La centralisation des factures dans un espace numérique dédié renforce la traçabilité des opérations. Cette méthode facilite le rapprochement bancaire et accélère le remboursement des collaborateurs. Un tableau de bord mensuel permet d'analyser les dépenses par nature et par client.

La documentation nécessaire

La constitution d'un dossier complet représente une étape clé dans le processus de refacturation. Chaque déplacement professionnel nécessite des justificatifs originaux : billets de transport, factures d'hôtel ou tickets de péage.

Un suivi rigoureux des déplacements en avion exige de conserver les cartes d'embarquement et les confirmations de réservation. Pour les missions à l'international, gardez une copie des taux de change appliqués le jour des dépenses.

Les entreprises gagnent à numériser leurs documents dès réception. Cette méthode garantit une conservation optimale et facilite la recherche en cas de contrôle fiscal. Un classement chronologique par client permet une refacturation rapide et précise.

Le suivi comptable adapté

La comptabilisation rigoureuse des frais refacturés passe par l'utilisation du compte 708 "Produits des activités annexes". Cette méthode garantit une distinction claire avec les prestations principales de l'entreprise.

Un paramétrage précis des comptes analytiques permet d'isoler chaque type de dépense refacturée. Par exemple, séparez les frais kilométriques des frais d'hébergement pour une analyse fine de votre chiffre d'affaires.

L'automatisation des écritures comptables via des outils dédiés réduit les risques d'erreur lors du traitement de la TVA. Les montants hors taxes et la TVA déductible sont alors ventilés automatiquement dans les comptes appropriés, assurant une parfaite conformité avec les obligations fiscales.

Cet article a été rédigé par Chloé Perret

Consultante RH @Eurecia

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