
Dans nos cerveaux
Les sciences cognitives et comportementales pour comprendre nos décisions
La surcharge mentale est un mal insidieux qui affecte de plus en plus de professionnels. Elle résulte de l'accumulation d'exigences cognitives, émotionnelles et organisationnelles qui dépassent nos capacités naturelles. Au cœur de ce phénomène, deux concepts clés : la mémoire de travail et l'attention, des ressources biologiquement limitées que nous mobilisons constamment pour traiter les informations et accomplir nos tâches.
Mémoire de travail : un espace limité
La mémoire de travail est souvent comparée à un tableau blanc mental. Elle nous permet de retenir temporairement des informations tout en les manipulant pour résoudre des problèmes ou prendre des décisions. Cependant, sa capacité est limitée : elle ne peut gérer qu’environ quatre à sept éléments simultanément. Lorsque nous essayons d'en faire trop, comme réfléchir profondément tout en exécutant une tâche complexe, cette mémoire sature, entraînant des erreurs et une baisse d'efficacité
Des études montrent que le multitâche, souvent valorisé dans le milieu professionnel, est en réalité contre-productif. Le cerveau humain n'est pas conçu pour effectuer plusieurs tâches nécessitant une attention soutenue en parallèle. Passer rapidement d'une tâche à l'autre ("switch-tasking") engendre une perte de temps significative et augmente la charge cognitive.
Agir ou réfléchir : pourquoi il faut choisir
Agir et réfléchir mobilisent des réseaux cérébraux distincts qui ne fonctionnent pas efficacement en même temps. Lorsque l’on réfléchit, on engage principalement le cortex préfrontal, responsable des fonctions exécutives comme la planification et la prise de décision. En revanche, l'action repose davantage sur des processus automatiques ou routiniers qui sollicitent d'autres régions cérébrales.
Essayer de combiner ces deux activités crée une surcharge cognitive. Par exemple, réfléchir à une stratégie tout en répondant à des courriels ou en participant à une réunion diminue notre capacité à bien faire l'un ou l'autre. Cela peut entraîner des erreurs, une perte de concentration et un sentiment de frustration.
Les conséquences sur le bien-être professionnel
Selon une étude récente, près de 67 % des salariés considèrent que la surcharge mentale perturbe leur efficacité au travail. Elle est également associée à une augmentation du stress, de l'anxiété et même du risque d'épuisement professionnel. Les interruptions fréquentes au travail (notifications, réunions impromptues) aggravent encore cette situation en fragmentant notre attention.
Comment alléger sa charge mentale ?
Pour préserver votre mémoire de travail et votre attention, il est essentiel d'adopter des stratégies simples mais efficaces :
- Prioriser les tâches : classez vos tâches par ordre d'importance et concentrez-vous sur une seule à la fois.
- Créer des routines : automatiser certaines activités libère de l'espace dans votre mémoire de travail pour les tâches complexes.
- Protéger son attention : réservez des plages horaires sans interruption pour accomplir vos tâches les plus exigeantes cognitivement.
- Déconnecter régulièrement : faire des pauses permet au cerveau de se reposer et améliore la concentration.
- Apprendre à déléguer : partager les responsabilités réduit la charge mentale globale.
Dans un monde où tout semble aller toujours plus vite, il est crucial de reconnaître les limites naturelles du cerveau humain. Choisir entre agir ou réfléchir à un instant donné n'est pas un signe de faiblesse mais une stratégie pour maximiser son efficacité tout en préservant son bien-être mental. Les neurosciences nous rappellent que pour être performant, il faut savoir ménager ses ressources cognitives limitées. Alors, faites le choix conscient d’alléger votre charge mentale pour vous sentir mieux !

Consultant et expert en neurosciences
Michel Abitteboul est consultant en communication et expert en neurosciences. Il a dirigé la communication de grandes entreprises internationales…
Dans nos cerveaux
Au travail comme à la maison, les sciences cognitives et comportementales nous permettent de comprendre de plus en plus finement la complexité de nos comportements et des processus cognitifs qui les sous-tendent. Mémoire, fonctionnement psychologique et organisationnel, charge mentale ou charge émotionnelle : chaque chronique explore les méandres de l'esprit humain à travers le prisme des sciences cognitives et comportementales.