
Dans nos cerveaux
Les sciences cognitives et comportementales pour comprendre nos décisions
Le stress, omniprésent dans la vie professionnelle, agit comme un vrai saboteur des capacités cognitives. Bien que certaines situations stressantes puissent stimuler la performance à court terme, un stress chronique ou mal géré a des effets délétères sur le cerveau et la prise de décision.
Le stress limite l’accès à nos capacités cognitives
Lorsque nous sommes stressés, le cerveau passe en mode survie. L’amygdale, notre système d’alerte interne, prend le contrôle et court-circuite le cortex préfrontal, siège des fonctions exécutives (planification, concentration et prise de décision rationnelle). Sous l’effet du cortisol, hormone clé du stress, les capacités de mémoire de travail diminuent. Résultat ? On perd en concentration, en attention et en capacité à résoudre des problèmes complexes. Une étude de Penn State montre que le simple fait d’anticiper une journée stressante suffit à réduire nos performances cognitives, et ce, même si rien de grave ne se passe finalement.
Retour au mode automatique et rigide
En situation de stress aigu ou prolongé, le cerveau économise ses ressources. Il privilégie les réflexes et les comportements automatiques plutôt que la réflexion. Ce mécanisme de réaction, utile face à un danger immédiat, devient problématique dans le contexte professionnel où les décisions nécessitent souvent une analyse approfondie. Par exemple, une surcharge cognitive due au stress peut entraîner des erreurs répétitives ou des comportements rigides, réduisant ainsi l’aptitude à s’adapter à des situations nouvelles ou imprévues.
Les biais cognitifs se renforcent
Le stress amplifie également nos biais cognitifs, ces raccourcis mentaux qui influencent nos jugements. Sous pression, nous avons tendance à privilégier les informations qui confirment nos croyances et nos convictions (biais de confirmation) ou à surestimer les risques (biais de négativité). Ces distorsions peuvent conduire à des erreurs stratégiques ou relationnelles dans un environnement professionnel complexe.
Des dégâts sur le long terme
Les effets sur la durée du stress ne se limitent pas au court terme. À long terme, il favorise une inflammation chronique qui altère les circuits neuronaux et accélère le déclin cognitif. Une recherche menée par l’Université de Californie - San Francisco a démontré que le stress chronique chez les jeunes adultes augmente le risque de déclin cognitif significatif dès la quarantaine. En outre, le stress est associé à une augmentation des états anxieux et dépressifs, qui aggravent eux-mêmes ce déclin.
Comment reprendre le contrôle ?
Heureusement, la science et le bon sens apportent des réponses pour contrer ces effets néfastes. Instaurer un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle, apprendre à identifier et gérer ses émotions, s’entourer d’un environnement bienveillant ou encourager des activités comme la méditation ou le sport. Ces approches permettent de diminuer l’activité excessive de l’amygdale et de restaurer les fonctions du cortex préfrontal.
Le stress n’est pas qu’une question de ressenti ou d’émotions passagères. Il impacte directement notre capacité à penser clairement et à agir efficacement. Aussi, apprendre à gérer son stress n’est pas une option, c’est une nécessité pour préserver sa santé mentale… et sa performance.

Consultant et expert en neurosciences
Michel Abitteboul est consultant en communication et expert en neurosciences. Il a dirigé la communication de grandes entreprises internationales…
Dans nos cerveaux
Au travail comme à la maison, les sciences cognitives et comportementales nous permettent de comprendre de plus en plus finement la complexité de nos comportements et des processus cognitifs qui les sous-tendent. Mémoire, fonctionnement psychologique et organisationnel, charge mentale ou charge émotionnelle : chaque chronique explore les méandres de l'esprit humain à travers le prisme des sciences cognitives et comportementales.