Connaissez-vous votre numéro de Sécurité Sociale par cœur ? Moi, oui. Parmi les nombres faciles à retenir, il y a aussi 0,8 % : le pourcentage de pères qui prennent un congé parental en France. D’ailleurs, j’en ai côtoyé un.
Il y a des nombres que l’on retient mieux que d’autres. Moi, c’est mon numéro de Sécurité Sociale, que je connais enfin par cœur après des dizaines d’appels à la CPAM pendant mon congé maternité. Les trois premiers départements français (01 Ain, 02 Aisne, 03 Allier) car mon père nous apprenait la liste quand nous étions petits (désolée Papa, mais ma mémoire a été sélective et puis qui connaît vraiment le département 53 ?). 10 000, le nombre de pas que l’on doit faire par jour et qui se transforme en véritable charge mentale lorsque l’on travaille derrière un bureau et que le soir un commentaire ouais en rentrant à la maison, il faut choisir entre faire une rando ou nourrir ses enfants. Et… 0,8 %.
0,8 %, c’est le pourcentage de pères qui prennent un congé parental en France. Ce chiffre est issu d’une étude réalisée par l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) en 2021.
Le congé parental, chaque parent peut le prendre
Le congé parental d’éducation, que le gouvernement envisage d’ailleurs de réformer, permet à un parent salarié de cesser son activité professionnelle pour éduquer son enfant, pendant trois ans maximum. Le parent perçoit alors une indemnité de 428,71 € mensuels et ce, quel que soit son revenu salarié. Le gouvernement envisageait en 2024 de diminuer ce congé et d’augmenter son indemnisation.
Vous noterez que je n’ai pas écrit « la mère » ou « le père ». J’ai bien écrit « le parent ». En effet, le congé parental porte bien son nom : tout le monde peut le prendre. Mais pour le moment, tout le monde… ce sont les femmes. À plus de 99 %.
Est-ce dû au fait que les hommes gagnent encore plus que les femmes, et que les familles font le choix de conserver le plus haut salaire ? Ou bien au fait que la charge éducative revient encore plus souvent aux mères ? La réponse se situe sûrement entre les deux.
Je n’avais pas connaissance de ce pourcentage lorsque mon premier enfant a été gardé par son père les neuf premiers mois de sa vie. Mais les regards interloqués de notre entourage lorsque nous avons annoncé ce choix étaient sans équivoque : nous faisions figure d’exception. Plusieurs fois au cours de ces neuf mois, on lui a demandé « mais pourquoi tu ne reprends pas le travail ? ». Pourtant, la réponse, on l’avait déjà donnée : il voulait profiter de son fils et je voulais lancer mon activité.
Les effets réels sur la vie des pères
Je vais aller droit au but, comme à Marseille : non, je ne vais pas vous dépeindre le tableau parfait de l’équilibre idéal enfin trouvé lorsque c’est le père qui arrête de travailler. Je laisse cela aux articles qui évoquent du modèle suédois (les pères suédois prennent le plus long congé parental du monde : 144 jours en moyenne). À l’arrivée de notre premier enfant, on a galéré, comme tout le monde. On a même eu droit à un baby clash, une dépression post-partum… J’aurais aimé défendre le congé parental pris par le père en disant que cela règle tous les problèmes. Mais si on m’a appris les départements (ou du moins, essayé), on m’a également appris à ne pas mentir.
Néanmoins, si l’on devait réécrire l’histoire 1000 fois, on referait 1000 fois ce choix-là. Surtout lui. Sa carrière n’en a pas souffert, bien au contraire. Elle a fait un bond considérable après ce long arrêt. Et puis, je cite, « il y a des moments qui ne reviennent jamais ».
J’ai d’ailleurs été un peu jalouse parfois, je l’admets. Alors à notre deuxième enfant, c’est moi qui ai fait le choix d’arrêter de travailler plus longtemps. 50/50, donc : une combinaison que j’aimerais plus souvent croiser.