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Article - Sciences

Pourquoi notre cerveau résiste au changement malgré nos connaissances

main qui tient un stabilo de couleur jaune

Dans nos cerveaux

Les sciences cognitives et comportementales pour comprendre nos décisions


Ça y est, vous sortez de la dernière formation sur la gestion du stress, gonflé à bloc. Vous avez tout compris, vous savez exactement comment mieux gérer vos émotions… Et pourtant, quelques semaines plus tard, patatras, vos mauvaises habitudes ont déjà raison de votre volonté. C'est comme si notre cerveau avait une mémoire sélective et décidait d’oublier vos résolutions de changement. Savoir ne suffit pas à passer à l’action.

Les chiffres sont là pour le prouver ; par exemple, bien que 65% des consommateurs se disent prêts à payer davantage pour des produits respectueux de l’environnement, seulement 26% le font réellement lors de leurs achats. Cet écart révèle un véritable fossé entre le savoir et l'action.

Pourquoi est-ce si difficile de changer même lorsque l’on comprend parfaitement les enjeux ? Notre cerveau, l’organe commun le plus complexe de l’univers, détient la réponse.

Le cerveau, roi de la routine et adepte du moindre effort

Notre cerveau est un randonneur paresseux qui préfère les chemins balisés aux sentiers à défricher. En effet, les neurosciences nous apprennent que le cerveau privilégie les routines établies car elles consomment moins d'énergie. C'est pourquoi il est si difficile de se défaire de nos vieilles habitudes, même lorsqu'elles ne nous rendent pas service.

Changer revient à créer de nouvelles connexions neuronales en répétant de nouveaux comportements. Chaque nouvelle attitude trace un nouveau chemin neuronal qui devient d’autant plus facile d’accès à mesure qu’on l'emprunte.

La bascule émotionnelle : le moteur du changement

Pourtant la simple compréhension rationnelle d'un problème ne suffit pas à déclencher le changement. Imaginez un collaborateur qui procrastine sur des projets importants : il sait pertinemment qu'il devrait planifier ses tâches, mais continue de repousser les échéances. Pourquoi ? Parce qu'il manque un ingrédient essentiel : la motivation à changer.

Ce levier émotionnel est le déclic qui va transformer la compréhension en envie profonde. Un manager qui souhaite améliorer son leadership doit connecter cette volonté à une motivation plus personnelle : "Si je communique mieux, je vais retrouver une équipe soudée et un environnement de travail apaisé". Sans cette connexion émotionnelle, le changement restera un vœu pieux. Les émotions négatives peuvent aussi jouer un rôle moteur. Un manager qui perd un talent à cause de son manque d'écoute peut vivre un électrochoc émotionnel qui le poussera à changer en profondeur.

La bascule comportementale : passer de l'intention à l'action  

La troisième étape est concrète et cruciale : la bascule comportementale pour rentrer dans la réalité. En effet, sans un plan d'action précis qui prend vie dans votre agenda, les vieilles habitudes reprennent vite le dessus.

Pour réussir cette bascule comportementale, commencez petit et installez des routines simples. Par exemple, pour mieux gérer votre temps, réservez quinze minutes chaque matin pour planifier la journée. Ces petits gestes répétés ancrent de grandes transformations.

L'environnement joue également un rôle déterminant. Une entreprise qui veut encourager la collaboration peut aménager des espaces ou des temps pour favoriser les échanges informels (bureaux partagés, zones de pause conviviales, rituels du midi). Le changement est autant une affaire individuelle que collective.

Le triptyque du changement : comprendre, vouloir, agir  

Changer au travail ne se résume pas à acquérir de nouvelles compétences ou connaissances. Il faut enchainer les trois bascules :

  • Cognitive : je comprends pourquoi et comment changer.
  • Émotionnelle je trouve un sens ou un bénéfice personnel à changer
  • Comportementale : je pose des actions concrètes, répétées, jusqu'à en faire des habitudes.

Aligner la tête, le cœur et les actes permet d’ancrer durablement de nouveaux comportements pour se sentir mieux.  

Et vous, quelle mauvaise habitude allez-vous transformer? 

 

Consultant et expert en neurosciences

Michel Abitteboul est consultant en communication et expert en neurosciences. Il a dirigé la communication de grandes entreprises internationales…

Dans nos cerveaux

Au travail comme à la maison, les sciences cognitives et comportementales nous permettent de comprendre de plus en plus finement la complexité de nos comportements et des processus cognitifs qui les sous-tendent. Mémoire, fonctionnement psychologique et organisationnel, charge mentale ou charge émotionnelle : chaque chronique explore les méandres de l'esprit humain à travers le prisme des sciences cognitives et comportementales.

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