Période probatoire : guide complet pour employeurs et salariés

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Période probatoire

Posté le - mis à jour le

La période probatoire est un moment clé dans la vie professionnelle. Elle est destinée à évaluer les compétences d'un salarié qui occupe un nouveau poste au sein de l'entreprise. Ce guide offre un éclairage complet pour les employeurs et salariés.

Comprendre la période probatoire

La période probatoire est un laps de temps durant lequel l'employeur évalue les capacités d'un salarié à assumer de nouvelles fonctions. Elle intervient lorsqu'un salarié change de poste en interne, à la suite d'une promotion, d'une mutation ou d'une restructuration de l'entreprise. Cette période, différente de la période d'essai, doit figurer dans un écrit signé par le salarié et l'employeur. Elle peut être prévue par le contrat de travail initial ou par un avenant à ce contrat, établi à l'occasion du changement de poste. Durant cette période, l'employeur a le droit d'évaluer les compétences du salarié dans ses nouvelles fonctions.

Définition et objectifs

La période probatoire se définit comme un intervalle durant lequel un employeur vérifie l'aptitude d'un salarié, déjà en poste, à exercer de nouvelles responsabilités.

Cette phase a pour objectif principal de permettre à l'employeur d'évaluer la performance du salarié dans son nouveau rôle et de déterminer s'il répond aux normes et attentes de l'entreprise. Les objectifs attendus du salarié pendant cette phase doivent être spécifiques, mesurables, atteignables, pertinents et temporellement définis, suivant les critères SMART.

La période probatoire permet également au salarié de se familiariser avec les nouvelles tâches et responsabilités liées à son nouveau poste.

Distinction avec la période d'essai

La période d'essai et la période probatoire ont des fonctionnalités distinctes bien qu'elles visent toutes les deux à évaluer les capacités d'un salarié. La période d'essai est généralement mise en place au début de l'emploi d'un salarié, qu'il s'agisse d'une embauche définitive ou temporaire. Elle offre à l'employeur l'occasion d'évaluer les compétences du salarié avant son embauche définitive.

Au contraire, la période probatoire est mise en œuvre lorsqu'un salarié change de poste au sein de la même entreprise. Elle permet d'évaluer ses aptitudes sur le nouveau poste. Une autre différence majeure est que, contrairement à la période d'essai, une rupture durant la période probatoire ne conduit pas à la rupture du contrat de travail. En cas d'échec, le salarié est généralement réaffecté à son poste précédent.

Caractéristiques de la période d'essai

La période d'essai comporte plusieurs caractéristiques spécifiques. Tout d'abord, elle est généralement prévue dès le début du contrat de travail. Sa durée est fixée par la loi ou la convention collective applicable, et elle peut être renouvelée dans certaines conditions. Pendant cette période, l'employeur peut mettre fin au contrat sans avoir à justifier d'un motif réel et sérieux, et sans préavis. De son côté, le salarié peut également rompre le contrat sans préavis. Enfin, le salarié bénéficie des mêmes droits que les autres salariés de l'entreprise, à l'exception de certains droits liés à l'ancienneté.

Difference entre période d'essai et probatoire

La période d'essai et la période probatoire sont toutes deux des phases d'évaluation, mais elles diffèrent sur plusieurs points clés. Premièrement, la période d'essai est utilisée lorsqu'un salarié est nouvellement embauché dans l'entreprise. Elle permet à l'employeur d'évaluer les compétences techniques et comportementales du salarié avant de confirmer son embauche. En revanche, la période probatoire est mise en place lorsqu'un salarié change de poste au sein de la même entreprise. Cette période permet d'évaluer l'aptitude du salarié à assumer de nouvelles responsabilités.

Deuxièmement, la période d'essai peut entraîner la rupture du contrat de travail si l'employeur n'est pas satisfait des performances du salarié. En revanche, la rupture de la période probatoire n'entraîne pas la rupture du contrat de travail - le salarié est généralement replacé dans son poste précédent.

Troisièmement, la période d'essai est fortement réglementée par le Code du travail, tandis que la période probatoire n'est pas explicitement prévue par le Code du travail. Cela signifie que les conditions de mise en place et de gestion de ces deux périodes sont différentes. La durée de la période probatoire est souvent définie par l'employeur et le salarié dans un avenant au contrat de travail.

Jurisprudence en matière de différenciation

La jurisprudence apporte des éclaircissements importants concernant la différenciation entre période d'essai et période probatoire. Une série d'arrêts de la Cour de Cassation a permis de préciser cette distinction.

  • Selon la Cour de Cassation, la période d'essai intervient nécessairement au début de la relation de travail. Par contre, la période probatoire intervient lors d'un changement de poste en interne, souvent suite à un avenant au contrat de travail.
  • En cas d'échec de la période probatoire, l'employeur ne peut mettre fin unilatéralement au contrat de travail, il ne pourra que proposer un retour en arrière, c'est-à-dire réaffecter son salarié dans ses anciennes fonctions.
  • Enfin, la jurisprudence insiste sur le fait que la durée de la période probatoire doit être proportionnée et raisonnable, en fonction du nouveau poste occupé par le salarié et de l’écart existant entre ses anciennes et ses nouvelles fonctions.

Modalités de mise en place

Le rôle de l'avenant au contrat de travail

L'avenant au contrat de travail joue un rôle crucial lors de la mise en place d'une période probatoire. Utilisé généralement lors d'un changement de poste, il officialise les nouvelles responsabilités et tâches du salarié. C'est dans cet avenant que sont définis les critères d'évaluation, la durée de la période probatoire ainsi que les éventuelles conditions de renouvellement. L'avenant s'inscrit dans le contrat de travail en cours, sans pour autant le rompre. Une importance particulière doit être accordée à la rédaction de cet avenant, sa clarté et son exhaustivité sont essentielles pour éviter tout malentendu entre l'employeur et le salarié. Enfin, l'acceptation de l'avenant par le salarié est une condition sine qua non pour l'implémentation de la période probatoire.

La clause de période probatoire

La clause de période probatoire est un élément essentiel dans un avenant au contrat de travail lors d'un changement de poste.

  • Elle stipule que le salarié est soumis à une évaluation durant une certaine période pour apprécier sa capacité à assumer ses nouvelles fonctions.
  • Cette clause doit être rédigée de manière claire et sans équivoque pour éviter tout malentendu.
  • Elle doit mentionner les critères d'évaluation, la durée de la période probatoire et les conséquences en cas d'échec.
  • Notons que, pour être valable, cette clause doit être acceptée et signée par le salarié.
  • En absence d'accord écrit, la période probatoire n'est pas applicable.

La clause de période probatoire offre une flexibilité supplémentaire aux employeurs et salariés pour gérer les changements de poste.

Exemple d'inscription dans le contrat

L'inscription de la période probatoire dans le contrat de travail ou l'avenant est essentielle pour sa validité. Cette inscription doit être claire et sans équivoque. Il est recommandé de mentionner explicitement le terme "période probatoire" et de préciser les modalités spécifiques de cette période :

  • Durée : il est important d'indiquer la durée initiale de la période probatoire.
  • Renouvellement : si un renouvellement est envisagé, il faut préciser les conditions de celui-ci.
  • Rupture : les conditions de rupture de cette période doivent aussi être bien définies.

Un exemple de clause probatoire pourrait être le suivant :

"Le salarié est soumis à une période probatoire de [durée] à compter du [date de début]. Cette période pourra être renouvelée une fois sous réserve de l'accord du salarié. En cas de non-satisfaction de l'employeur à l'issue de cette période, le salarié reprendra ses fonctions précédentes."

Attention, cette clause doit respecter les dispositions de la convention collective applicable et ne pas être abusive.

Gestion de la rémunération durant cette période

Changement de poste et période probatoire

Lors d'un changement de poste, la mise en place d'une période probatoire offre une opportunité d'évaluation mutuelle pour l'employeur et le salarié. C'est un outil précieux pour vérifier l'adéquation entre le salarié et ses nouvelles responsabilités.

Elle s'applique généralement dans les cas de mutations ou promotions internes. L'employeur peut ainsi valider les compétences du salarié dans ses nouvelles fonctions. De son côté, le salarié a la possibilité d'évaluer si ses nouvelles fonctions lui conviennent.

La période probatoire est généralement formalisée par un avenant au contrat de travail initial. Ce document fixe les modalités précises de la période probatoire : durée, objectifs à atteindre, critères d'évaluation, etc.

Il est primordial que l'employeur et le salarié se mettent d'accord sur ces points. Le salarié doit donner son accord explicite pour se soumettre à une période probatoire.

Si la période probatoire n'est pas concluante, l'employé est généralement replacé dans ses fonctions antérieures. Il n'y a pas de rupture du contrat de travail comme cela pourrait être le cas à l'issue d'une période d'essai.

Note : la mise en place d'une période probatoire ne doit pas être interdite par la convention collective de l'entreprise. Il est donc important de consulter cette dernière avant toute décision.

Cas typiques de mise en place

Dans le cadre d'une mutation professionnelle, d'un changement de poste en interne ou de l'évolution des fonctions managériales, une période probatoire peut être mise en place. Cela peut également être le cas lors d'une restructuration de l'entreprise ou d'une mutation géographique.

Lorsqu'un salarié est promu à un poste de direction, la période probatoire est souvent utilisée pour évaluer ses compétences managériales. De même, lorsqu'un salarié change de département ou de domaine de spécialisation, une période probatoire peut être utilisée pour évaluer son aptitude à s'adapter à ses nouvelles responsabilités.

Il est essentiel que la mise en place de la période probatoire se fasse en amont et assez rapidement après l'entrée dans les nouvelles fonctions.

Il convient de noter que la mise en place d'une période probatoire peut être interdite par certaines dispositions conventionnelles. Dans ces cas, elle doit être explicitement prévue dans le contrat de travail.

Comment gérer le changement de poste ?

Pour gérer efficacement le changement de poste, il est crucial d'établir un plan d'action en amont. Ce dernier doit inclure la formation nécessaire pour le nouveau poste, l'accompagnement par un mentor ou un superviseur, et la mise en place d'objectifs clairs et mesurables.

  • Formation : prévoir une formation adaptée aux nouvelles tâches et responsabilités. Cela peut être une formation interne ou externe, selon les besoins spécifiques du poste.
  • Mentorat : un mentor peut aider le salarié à s'adapter plus rapidement à son nouveau poste. Il peut partager son expérience, donner des conseils précieux et fournir un soutien moral.
  • Objectifs : les objectifs doivent être clairs, mesurables, atteignables, pertinents et temporellement définis. Ils permettent au salarié de comprendre ce qui est attendu de lui et à l'employeur d'évaluer les performances.

Il est également important de prévoir des rendez-vous réguliers pour faire le point sur l'avancement et les éventuelles difficultés rencontrées. Cela permettra de prendre les mesures nécessaires en temps réel pour assurer la réussite du changement de poste.

Durée et renouvellement de la période probatoire

Quelle est la durée maximale d'une période probatoire ?
 

La durée maximale de la période probatoire n'est pas explicitement déterminée par le Code du travail. Cependant, elle doit être raisonnable et proportionnée aux nouvelles responsabilités du salarié. La jurisprudence préconise une durée de 1 à 3 mois pour un poste non-cadre et de 3 à 6 mois pour un poste cadre. C'est un critère que l'employeur et le salarié fixent conjointement. Certaines conventions collectives peuvent prévoir des règles spécifiques. Par conséquent, il est essentiel de se référer à la convention collective applicable à l'entreprise.

Possibilité et conditions de renouvellement

Un renouvellement de la période probatoire est possible sous certaines conditions. Il faut que le renouvellement soit prévu initialement dans l'avenant au contrat de travail et que le salarié donne son accord express pour ce renouvellement.

Il est essentiel de garder à l'esprit que le renouvellement doit rester exceptionnel et justifié par des circonstances particulières. Le but n'est pas de prolonger indéfiniment la période d'évaluation, mais de donner au salarié un délai supplémentaire pour démontrer ses capacités à assumer ses nouvelles fonctions.

  • Durée de renouvellement : elle doit être définie avec précision et doit être raisonnable et proportionnée aux nouvelles responsabilités du salarié.
  • Conséquences du renouvellement : en cas de succès, le salarié conserve son nouveau poste. En cas d'échec, il peut être réaffecté à son poste précédent ou à un autre poste, selon les dispositions du contrat de travail ou de l'avenant.

Il est recommandé de consulter la convention collective applicable à votre entreprise ou un conseiller en droit du travail pour obtenir des conseils spécifiques sur le renouvellement de la période probatoire.

Fin de la période probatoire : les différents scénarios

Succès et confirmation du poste

Après la période probatoire, la réussite est souvent confirmée par une lettre de l'employeur attestant que le salarié a bien validé cette période. Cela signifie que le salarié a démontré qu'il était capable d'exercer efficacement son nouveau poste. À cette étape, le salarié est pleinement intégré à son nouveau poste, sans restriction. C'est un moment important qui marque la confirmation du rôle du salarié au sein de l'entreprise. Il convient de noter que la validation de la période probatoire ne signifie pas pour autant que l'évaluation du salarié s'arrête. Au contraire, elle se poursuit tout au long de son parcours professionnel.

Echec et options possibles

L'échec de la période probatoire peut se manifester de diverses manières. Il est crucial, pour l'employeur, de formaliser cet échec, en communiquant clairement les raisons de cette décision au salarié. L'échec de la période probatoire ne peut pas conduire à un licenciement pour insuffisance professionnelle.

En général, l'employé est réaffecté à son poste initial, si celui-ci est toujours vacant. Si le poste a été pourvu, cela peut conduire à une situation délicate où deux employés occupent le même poste.

Il est possible aussi de proposer un autre poste au salarié ou de renégocier les conditions de son poste actuel. Ces options doivent toutefois respecter les dispositions légales et contractuelles en vigueur.

Renégociation des conditions : cette option requiert l'accord du salarié et peut impliquer une modification de son contrat de travail.

Réaffectation au poste initial : le salarié doit avoir accepté cette possibilité au moment de l'instauration de la période probatoire.

Proposition d'un autre poste : cette option peut être envisagée si l'entreprise dispose d'un poste vacant correspondant aux compétences du salarié.

Il est recommandé de consulter un expert en droit du travail pour gérer au mieux les conséquences d'un échec de période probatoire.

Cet article a été rédigé par Chloé Perret

Consultante RH @Eurecia

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