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Comment agir face au mobbing au travail ?

Conseils pratiques pour identifier, prévenir et gérer le mobbing au travail afin de préserver le bien-être et la sécurité des employés.

Le mobbing représente une forme particulièrement sournoise de harcèlement moral collectif au travail. Cette violence psychologique systématique vise à isoler et exclure une personne ciblée à travers des comportements hostiles répétés. Des critiques permanentes aux mises à l'écart en passant par la rétention d'information, ce phénomène toxique détruit progressivement la santé mentale et physique des victimes. Face à ce fléau qui touche de nombreux salariés, il devient urgent d'apprendre à le détecter et à le combattre efficacement.

Qu'est-ce que le harcèlement moral collectif ?

La définition du mobbing en entreprise

Que veut dire mobbing en français ?
 

Issu du verbe anglais "to mob" signifiant "assaillir en meute", le mobbing se caractérise par des agissements malveillants répétés au minimum une fois par semaine pendant six mois. Le psychologue suédois Heinz Leymann, pionnier dans l'étude de ce phénomène, a établi une liste de 45 comportements destructeurs permettant son identification précise.

Cette forme d'intimidation organisée survient lorsqu'un groupe d'individus prend pour cible un collaborateur dans le but de l'exclure professionnellement. Les instigateurs, souvent mus par la jalousie ou la peur, entraînent progressivement d'autres membres de l'équipe dans leur stratégie d'isolement. C'est une forme d'humiliation au travail.
 

Au-delà d'un simple conflit interpersonnel, le mobbing se distingue par sa dimension collective et sa volonté délibérée de nuire, transformant l'environnement professionnel en terrain hostile pour la personne visée.

Les différences avec le harcèlement classique

À la différence du harcèlement classique qui oppose un agresseur à sa victime, le mobbing implique une dynamique de groupe où les rôles s'entremêlent. Les témoins passifs deviennent progressivement complices par leur silence.

Le mobbing se distingue aussi par sa durée prolongée. Là où le harcèlement traditionnel peut être ponctuel, les attaques psychologiques collectives persistent plusieurs mois, voire années. Les mécanismes d'exclusion s'installent subtilement dans la culture d'entreprise.

Une autre particularité réside dans le profil des victimes : contrairement au harcèlement classique qui cible souvent des personnes vulnérables, le mobbing s'attaque fréquemment aux salariés performants perçus comme une menace pour le groupe.

Le cadre légal en France

La loi du 2 août 2021 renforce considérablement la protection des salariés face au mobbing. Le Code du travail sanctionne désormais ces agissements par des peines pouvant atteindre 2 ans d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende.

Les entreprises françaises ont l'obligation légale de mettre en place des mesures préventives concrètes : formation des managers, nomination de référents harcèlement et création de procédures d'alerte internes.

La Convention n°190 de l'OIT, ratifiée par la France, établit un cadre international contraignant pour éliminer la violence et le harcèlement dans le monde professionnel. Cette convention impose aux employeurs d'évaluer les risques psychosociaux et de protéger activement leurs salariés contre toute forme de harcèlement collectif.

Les manifestations du mobbing en entreprise

Les comportements hostiles caractéristiques

Le dénigrement systématique prend diverses formes dans un contexte professionnel. Les auteurs multiplient les remarques désobligeantes sur le travail accompli ou diffusent des rumeurs malveillantes pour saper la crédibilité de leur cible.

La surcharge délibérée de tâches irréalisables ou l'attribution de missions dénuées de sens constituent des pratiques fréquentes. À l'inverse, certaines victimes subissent une mise au placard progressive avec le retrait de leurs responsabilités.

Les agresseurs peuvent également saboter le travail de leur cible en dissimulant des informations essentielles ou en modifiant des documents à son insu. Cette déstabilisation s'accompagne parfois d'une surveillance excessive et d'interruptions constantes pendant les réunions ou les conversations professionnelles.

L'isolement social de la personne ciblée

La stratégie d'exclusion sociale se traduit par un rejet progressif de la victime. Les pauses café deviennent solitaires, les invitations aux événements d'équipe disparaissent et les conversations s'arrêtent dès son arrivée.

Les agresseurs mettent en place une véritable barrière physique : changement de bureau vers un espace éloigné, exclusion des réunions informelles ou suppression des moments de convivialité. Cette mise à l'écart s'accompagne d'un blocage délibéré de l'information : mails en copie cachée, discussions parallèles sur des canaux privés.

Dans les grandes organisations, ce phénomène passe souvent inaperçu. L'isolement se propage à différents services, créant une spirale d'exclusion qui pousse parfois la personne ciblée vers la démission.

L'impact sur la communication professionnelle

La détérioration des échanges professionnels se manifeste par une rupture des canaux de communication formels et informels. Les victimes subissent un blocage systématique des informations essentielles à leur travail : documents manquants, réunions non communiquées, messages ignorés.

L'altération touche également la qualité des interactions. Les personnes ciblées voient leurs interventions minimisées lors des réunions, leurs propositions sont tournées en dérision ou simplement ignorées. Cette situation crée un climat où la victime perd progressivement sa légitimité professionnelle.

Un phénomène particulièrement destructeur concerne la déformation des propos de la personne ciblée. Ses paroles sont régulièrement décontextualisées ou mal interprétées, créant une image professionnelle négative qui renforce son isolement.

Le profil type des victimes de harcèlement

Comment reconnaître le mobbing ? Les premiers signes

Les premiers signaux physiques se manifestent par des troubles du sommeil récurrents, accompagnés de maux de tête persistants et d'une fatigue intense. La personne harcelée présente souvent une perte d'appétit marquée et des tensions musculaires chroniques.

Les changements comportementaux révèlent aussi une situation préoccupante. Une baisse soudaine de la productivité, associée à une anxiété inhabituelle face aux réunions d'équipe, constituent des indicateurs révélateurs. Le salarié peut développer une hypervigilance permanente, scrutant chaque interaction avec ses collègues.

L'alternance entre périodes de suractivité et phases de démotivation profonde caractérise également le vécu des personnes ciblées. Ces variations s'accompagnent fréquemment d'une perte de confiance professionnelle et d'un repli sur soi au bureau.

Les conséquences psychologiques

L'impact mental du mobbing se manifeste par une détresse psychologique profonde. La victime développe une image négative d'elle-même, remettant en question ses compétences professionnelles et personnelles.

Un sentiment d'impuissance s'installe progressivement, accompagné d'épisodes dépressifs qui peuvent nécessiter un suivi thérapeutique. La sphère privée n'est pas épargnée : les relations familiales se dégradent tandis que l'isolement social s'accentue.

La fragilisation psychique peut entraîner des troubles cognitifs : difficultés de concentration, pertes de mémoire à court terme, confusion dans les tâches quotidiennes. Dans les cas les plus graves, certaines victimes développent un syndrome de stress post-traumatique, marqué par des flashbacks et une peur paralysante de retourner sur leur lieu de travail.

Mobbing au travail : que faire ?

Les actions immédiates à entreprendre

Face à une situation de mobbing, la constitution d'un dossier détaillé s'avère primordiale. Notez précisément chaque incident avec dates, lieux et témoins potentiels. Conservez tous les échanges écrits, emails ou messages qui documentent la situation.

Prenez rapidement rendez-vous avec la médecine du travail pour signaler la situation et obtenir une trace écrite. Un entretien avec les ressources humaines ou votre supérieur hiérarchique direct permettra également d'officialiser votre démarche.

La consultation d'un avocat spécialisé en droit du travail peut s'avérer judicieuse pour évaluer les options juridiques à votre disposition. Parallèlement, rapprochez-vous des organisations syndicales qui pourront vous épauler dans vos démarches et vous orienter vers des associations spécialisées.

Le rôle des représentants du personnel

Les délégués du CSE représentent un soutien précieux dans la lutte contre le mobbing. Leur connaissance approfondie du terrain leur donne une position unique pour détecter les signes précoces de harcèlement collectif et intervenir auprès de la direction.

Ces élus disposent d'un pouvoir d'alerte qu'ils peuvent activer dès la détection d'une dynamique toxique au sein d'une équipe. Leur statut protégé leur garantit une liberté d'action pour défendre les intérêts des salariés victimes.

En collaboration avec la médecine du travail, ils participent activement à la protection de la santé mentale des employés. Leur rôle comprend l'accompagnement personnalisé des victimes, l'organisation d'enquêtes internes et la proposition de mesures préventives concrètes.

Les recours juridiques possibles

La saisine des prud'hommes permet d'obtenir réparation pour le préjudice subi. Cette procédure exige la présentation de preuves tangibles du harcèlement collectif vécu au travail.

Un signalement à l'inspection du travail déclenche une enquête approfondie sur les faits dénoncés. Le dépôt d'une plainte pénale auprès du procureur de la République constitue une autre option, avec des sanctions pouvant atteindre 2 ans d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende.

Le Défenseur des droits représente un interlocuteur privilégié pour les victimes de mobbing. Cette autorité indépendante mène des investigations et formule des recommandations contraignantes pour l'employeur.

Prévenir le harcèlement psychologique

Le rôle clé des managers

Les managers représentent la première ligne de défense contre le mobbing grâce à leur proximité avec les équipes. Leur vigilance quotidienne permet de repérer les dynamiques toxiques avant qu'elles ne s'installent durablement.

Une formation adaptée leur donne les outils pour détecter les signes avant-coureurs : changements soudains dans les interactions entre collègues, exclusions subtiles lors des pauses ou réunions. L'établissement d'une communication transparente et régulière avec chaque membre de l'équipe renforce cette détection précoce.

Les managers exemplaires créent un climat de confiance propice au dialogue. Ils instaurent des rituels d'équipe inclusifs, encouragent la collaboration plutôt que la compétition et valorisent les contributions de chacun. Cette approche préventive transforme la culture d'entreprise et réduit naturellement les risques de harcèlement collectif.

Les outils de prévention en entreprise

La mise en place d'une charte anti-mobbing constitue un premier rempart efficace. Ce document engage l'ensemble des collaborateurs à adopter des comportements respectueux et définit clairement les sanctions applicables aux situations de harcèlement collectif.

Un système d'alerte anonyme via une plateforme numérique sécurisée renforce ce dispositif. Les salariés peuvent y signaler des situations problématiques sans crainte de représailles. Cette approche moderne s'accompagne d'ateliers de sensibilisation participatifs où les équipes apprennent à reconnaître et désamorcer les situations à risque.

L'entreprise peut également instaurer des groupes de parole réguliers, animés par des psychologues du travail externes. Ces espaces neutres favorisent l'expression libre et la résolution précoce des tensions interpersonnelles.

La création d'un environnement bienveillant

Un climat social sain repose sur des valeurs fondamentales partagées par tous. L'instauration d'une culture du respect mutuel passe par des actions quotidiennes simples mais efficaces.

La valorisation des compétences individuelles et l'encouragement des initiatives créent une dynamique positive au sein des équipes. Cette approche favorise naturellement la collaboration et réduit les comportements toxiques.

Les rituels d'équipe comme les déjeuners partagés ou les activités communes renforcent les liens entre collaborateurs. Un bon exemple : organiser des sessions de brainstorming où chaque membre peut librement exprimer ses idées sans crainte de jugement.

La reconnaissance régulière des réussites collectives et individuelles contribue à forger un esprit d'entraide plutôt que de compétition malsaine.

Team Eurécia

Contributeurs timides, les billets signés de la rédaction sont tous écrits avec passion !