La mise à pied en entreprise : quelles sont les règles et les procédures à suivre ?

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Personne recevant une mise à pied professionnelle

Posté le - mis à jour le

La mise à pied est une mesure disciplinaire ou conservatoire prise par l'employeur en cas de comportement fautif d'un salarié. Il s'agit d'une suspension temporaire du contrat de travail, souvent en attente d'une sanction plus lourde comme un licenciement. La procédure à suivre, les motifs légitimes et les conséquences pour le salarié sont des aspects essentiels à comprendre. C'est un domaine complexe du droit du travail qui nécessite une analyse précise.

Comprendre la mise à pied

Pour comprendre la mise à pied, il est essentiel de distinguer entre les deux types principaux : la mise à pied conservatoire et la mise à pied disciplinaire.

La mise à pied conservatoire, souvent utilisée dans des situations d'urgence, permet d'écarter temporairement un salarié du lieu de travail en attendant une décision finale. Elle n'est pas considérée comme une sanction, mais comme une mesure préventive. Par exemple, lorsque des faits graves sont reprochés et nécessitent une enquête approfondie.

En revanche, la mise à pied disciplinaire constitue une véritable sanction infligée à un salarié pour des comportements fautifs. Elle entraîne une suspension du contrat de travail et de la rémunération pour une durée déterminée. La durée et les conditions de cette sanction doivent être clairement définies dans le règlement intérieur de l'entreprise et respectées scrupuleusement pour éviter des contestations.

Ces procédures, bien qu'elles partagent certaines similitudes, diffèrent en termes de motifs et d'impact sur le salarié.

Les différents types de mise à pied

Mise à pied conservatoire : définition et objectifs

La mise à pied conservatoire est une mesure temporaire prise par l'employeur pour écarter un salarié dont le comportement nécessite une enquête approfondie. Elle se distingue de la mise à pied disciplinaire par son caractère préventif et non punitif. Son objectif principal est de protéger l'entreprise et ses employés pendant que les faits sont clarifiés.

Parmi les situations justifiant une mise à pied conservatoire, on trouve :

  • La commission de fautes graves rendant impossible la présence du salarié.
  • Des accusations de comportement inapproprié nécessitant une enquête.
  • Des soupçons de fraude ou de vol au sein de l'entreprise.

L'employeur doit initier cette mesure avec rigueur et en respectant le cadre légal pour éviter d'éventuels litiges. La mise à pied conservatoire prend fin dès qu'une décision définitive est prise, qu'il s'agisse d'un licenciement ou d'une réintégration du salarié.

Mise à pied disciplinaire : en quoi consiste-t-elle ?

La mise à pied disciplinaire est une sanction qui vise à punir un salarié pour une faute commise. Elle entraîne une suspension temporaire de son contrat de travail ainsi que de sa rémunération. Cette mesure doit être clairement prévue dans le règlement intérieur de l'entreprise et respecter les conventions collectives applicables.

La durée de la mise à pied disciplinaire varie généralement de quelques jours à plusieurs semaines, en fonction de la gravité de la faute et des dispositions internes de l'entreprise. Contrairement à la mise à pied conservatoire, cette sanction est définitive et non provisoire.

Les fautes pouvant justifier une mise à pied disciplinaire incluent :

L'employeur doit notifier cette sanction par écrit, en précisant la durée et les motifs, pour éviter toute contestation.

Procédure de mise à pied : étapes clés

L'entretien préalable : un moment crucial

L'entretien préalable joue un rôle crucial dans la procédure de mise à pied. Il permet à l'employeur d'expliquer les motifs de la sanction envisagée et au salarié de se défendre. La convocation à cet entretien doit être faite par lettre recommandée avec accusé de réception ou remise en main propre contre décharge.

Lors de l'entretien, plusieurs éléments doivent être abordés. L'employeur explique les faits reprochés et le salarié peut présenter ses arguments. La présence d'un représentant du personnel ou d'un conseiller peut être utile pour assister le salarié.

Voici quelques points clés à respecter :

  • Informer le salarié des motifs précis de la mise à pied.
  • Permettre au salarié de s'exprimer librement.
  • Respecter le délai entre la convocation et l'entretien pour garantir un échange équitable.

Rédiger la lettre de mise à pied

Pour rédiger la lettre de mise à pied, il faut suivre certaines étapes essentielles. Tout d'abord, commencez par indiquer le nom et l'adresse de l'entreprise en haut à gauche du document, puis les coordonnées du salarié à droite. Mentionnez ensuite la date et l'objet de la lettre, par exemple : "Objet : Notification de mise à pied disciplinaire".

Dans le corps de la lettre, expliquez les motifs de la mise à pied en étant clair et précis. Utilisez un ton neutre et professionnel, et évitez les jugements personnels. Par exemple, "Suite à une série de comportements inappropriés constatés les jours X, Y et Z, nous avons décidé de procéder à une mise à pied disciplinaire".

Indiquez la durée de la mise à pied et précisez que durant cette période, le salarié ne percevra pas de rémunération. Mentionnez également les droits du salarié, notamment la possibilité de contester la décision devant le Conseil de prud'hommes. Concluez par une formule de politesse adaptée et signez la lettre.

Assurez-vous d'envoyer la lettre en recommandé avec accusé de réception pour disposer d'une preuve écrite de la notification.

Notification au salarié : comment procéder ?

Pour notifier une mise à pied disciplinaire, il est impératif de suivre une procédure stricte. Dès que la décision est prise, l'employeur doit rédiger une lettre de notification. Cette lettre doit être envoyée au salarié par lettre recommandée avec accusé de réception ou remise en main propre contre décharge.

Voici les éléments essentiels à inclure dans la lettre de notification :

  • Les motifs précis de la mise à pied
  • La durée de la sanction
  • La date de début de la mise à pied
  • Les droits du salarié, y compris la possibilité de contester la décision devant le Conseil de prud'hommes

Il est crucial de conserver une copie de la lettre et de l'accusé de réception. Cela constitue une preuve en cas de litige ultérieur. Il est également recommandé d'informer le salarié de ses droits et des recours disponibles pour garantir une procédure transparente et équitable.

Les motifs de mise à pied

Faute grave : une raison valable pour une mise à pied

Une faute grave justifiant une mise à pied peut inclure divers comportements inacceptables. Par exemple, le vol au sein de l'entreprise est une raison courante. La gravité de ce geste nécessite une réaction rapide pour protéger les intérêts de l'entreprise.

D'autres exemples incluent l'insubordination, où un salarié refuse d'exécuter des tâches prévues dans son contrat. Les violences verbales ou physiques envers des collègues ou l'employeur en sont également des motifs.

La liste des fautes graves pouvant justifier une mise à pied est vaste :

Il est crucial que l'employeur puisse prouver la faute pour éviter tout litige ultérieur. Une documentation minutieuse des faits reprochés est essentielle.

L'arrêt maladie peut-il justifier une mise à pied ?

Lorsqu'un salarié est en arrêt maladie, cela n'empêche pas l'employeur de mettre en place une procédure disciplinaire, y compris une mise à pied. Cependant, l'exécution de cette mise à pied ne peut être reportée à la fin de l'arrêt maladie, sauf en cas de fraude avérée de la part du salarié.

Il est possible que l'arrêt maladie survienne après la notification d'une mise à pied disciplinaire. Dans cette situation, les jours de mise à pied s'exécutent normalement, et le reste de la période est couvert par l'arrêt maladie. Par exemple, si un salarié est mis à pied du 1er au 7 mars mais tombe en arrêt maladie à partir du 4 mars, les trois premiers jours seront considérés comme des jours de mise à pied et les jours suivants comme des jours d'arrêt maladie.

Durée de la mise à pied : ce qu'il faut savoir

Combien de temps dure une mise à pied conservatoire ?

La mise à pied conservatoire n'a pas de durée maximale imposée par le Code du travail. Elle est principalement liée à la durée de la procédure disciplinaire engagée en parallèle. En pratique, elle dure généralement le temps nécessaire pour mener l'enquête et décider de la sanction appropriée.

Toutefois, les juges peuvent requalifier la mise à pied conservatoire en mise à pied disciplinaire si sa durée est excessive. Pour éviter cela, la procédure disciplinaire doit être conduite rapidement. Il est aussi possible de fixer une durée déterminée si celle-ci correspond au délai entre la convocation à l'entretien préalable et la date de cet entretien.

Exemple concret : un employeur peut prononcer une mise à pied conservatoire de 7 jours si la convocation à l'entretien préalable est prévue dans ce délai.

Durée maximale d'une mise à pied disciplinaire

La durée maximale d'une mise à pied disciplinaire doit être clairement définie dans le règlement intérieur de l'entreprise. Ce document est obligatoire pour les entreprises comptant au moins 20 salariés et doit préciser la durée maximale applicable. En général, cette durée ne dépasse pas 5 jours ouvrés.

Cependant, certaines conventions collectives peuvent fixer des durées différentes. Si c'est le cas, l'employeur doit respecter la durée la plus courte entre le règlement intérieur et la convention collective.

Lorsqu'une faute grave est commise, l'employeur doit veiller à ce que la durée de la mise à pied soit proportionnelle à la gravité de la faute. Par exemple, un salarié ayant commis une violence physique pourrait se voir infliger une mise à pied de 14 jours.

Enfin, il est interdit de prolonger ou de renouveler une mise à pied disciplinaire au-delà de la durée maximale prévue, sous peine de voir cette sanction annulée par les prud'hommes.

Gestion du salaire pendant la mise à pied

Pendant une mise à pied, le salarié ne perçoit généralement pas de rémunération. Cette privation de salaire est proportionnelle à la durée de la mise à pied. Il est cependant essentiel de noter que :

  • En cas de mise à pied conservatoire suivie d'un licenciement pour faute simple, le salaire peut être versé rétroactivement.
  • Si la mise à pied conservatoire ne débouche pas sur une sanction, l'employeur doit verser le salaire correspondant à la période concernée.
  • Les primes d'assiduité et autres gratifications peuvent être impactées par cette absence.

Par exemple, un salarié en mise à pied disciplinaire de 5 jours verra une déduction sur son bulletin de paie, correspondant aux jours non travaillés. Dans le cas d'une mise à pied conservatoire, si l'enquête conclut à l'absence de faute, le salarié recevra un rappel de salaire pour cette période.

Conséquences de la mise à pied sur le salarié

La mise à pied a des conséquences significatives sur le salarié. Premièrement, elle peut affecter négativement la réputation professionnelle du salarié, en particulier si la mise à pied est disciplinaire. Cette sanction peut être mentionnée dans son dossier personnel, ce qui pourrait compliquer ses perspectives de carrière au sein de l'entreprise ou ailleurs.

Ensuite, la mise à pied peut impacter la motivation et le moral du salarié. Se voir écarté temporairement de ses fonctions peut être vécu comme une humiliation, surtout si cela est connu de ses collègues. Cette situation peut engendrer un stress important et une perte de confiance en ses compétences.

Enfin, une mise à pied peut avoir des répercussions financières. Le salarié ne perçoit pas de salaire pendant la période de mise à pied, ce qui peut entraîner des difficultés financières, surtout si la période est longue. Des primes et autres gratifications basées sur la présence effective au travail peuvent également être affectées.

Contester une mise à pied : comment faire ?

Pour contester une mise à pied, plusieurs étapes sont à suivre. Tout d'abord, adressez une lettre de contestation à votre employeur, en recommandé avec accusé de réception. Cette lettre doit expliquer les raisons de votre désaccord et être accompagnée de preuves si possible.

Si la discussion avec l'employeur n'aboutit pas, vous pouvez saisir le Conseil de prud'hommes. Cette instance est compétente pour juger les litiges entre salariés et employeurs. Vous avez un délai de deux ans pour agir, à partir de la notification de la mise à pied.

Il est souvent recommandé de consulter un avocat spécialisé en droit du travail. Ce professionnel pourra vous conseiller sur la stratégie à adopter et vous représenter devant le Conseil de prud'hommes. Enfin, préparez-vous à justifier que la mise à pied est disproportionnée, abusive ou non justifiée.

Mise à pied et licenciement : quelle différence ?

Combien de temps avant un licenciement après une mise à pied?

L'employeur doit engager la procédure de licenciement sans délai après une mise à pied conservatoire. En général, il est recommandé de ne pas dépasser quelques jours pour éviter que la mise à pied ne soit requalifiée en mesure disciplinaire par les juges.

Le délai optimal varie en fonction des circonstances. Si des enquêtes supplémentaires sont nécessaires, l'employeur doit pouvoir justifier cette attente. La jurisprudence indique qu'un délai de 6 à 7 jours est souvent jugé excessif, sauf en cas de motif légitime.

En revanche, la mise à pied disciplinaire doit comporter une date de début et de fin, généralement de quelques jours seulement. Un exemple concret : un salarié mis à pied conservatoire le 1er septembre doit être convoqué à un entretien préalable dans les jours suivants pour éviter toute requalification.

Blâme, avertissement et sanction disciplinaire : définitions

Le blâme est une sanction disciplinaire mineure, souvent utilisée pour rappeler à l'ordre un salarié sans affecter son contrat de travail. Il est généralement notifié par écrit et consiste en un reproche formel du comportement fautif du salarié. Le blâme a pour but de corriger un manquement sans pour autant entraîner des conséquences lourdes.

L'avertissement, quant à lui, est une autre sanction mineure. Il a une portée préventive et vise à informer le salarié que son comportement ne respecte pas les attentes de l'entreprise. Comme le blâme, l'avertissement ne modifie pas le contrat de travail mais reste dans le dossier du salarié.

Les sanctions disciplinaires plus sévères incluent :

  • La mise à pied disciplinaire, qui suspend temporairement le contrat de travail et la rémunération.
  • La rétrogradation, qui implique un changement de poste avec des responsabilités moindres.
  • La mutation disciplinaire, qui peut entraîner un déplacement géographique ou un changement de service.

Ces sanctions sont proportionnelles à la gravité de la faute commise, respectant ainsi le principe de proportionnalité.

Cet article a été rédigé par Chloé Perret

Consultante RH @Eurecia

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