
Mythes de bureau
Quand nos idées reçues sur le travail ont la vie dure
Empathie, écoute, ouverture d’esprit : les qualités que les salariés attendent de leurs managers ressemblent étrangement à celles d’un psychologue. Mais soyons clairs : manager n’a jamais signifié devenir psy.
Manager, c’est jongler avec des soft skills… presque comme un psy
« La difficulté des managers est de faire du collectif tout en respectant les individualités », explique Chloé Daviot, docteure en sciences de gestion et management, et consultante RH. Et pour cause. Les entreprises ont bien compris que pour pouvoir motiver et engager les salariés, il faut les considérer comme des humains et non comme des ressources.
Pour y arriver, les managers ont besoin de compétences émotionnelles, relationnelles, voire psychologiques. « Diagnostiquer les besoins de chaque collaborateur pour actionner les bons leviers de motivation, c’est presque clinique », illustre Jean-Noël Chaintreuil, spécialiste de Future of Work.
Coaching, ateliers sur l’intelligence émotionnelle, process com : les entreprises investissent massivement pour que leurs managers adoptent cette posture de psychologue. Pour autant, est-ce une transformation du métier vers celui de psy ?
Pour guider, pas
Non, le manager ne sera jamais un psychologue. Pourquoi ? Parce qu’il agit dans un cadre bien différent. Son rôle est orienté vers l’action et la performance collective. Contrairement au psychologue, il ne peut pas rester neutre. « Le psy n’attend rien de son patient. Ce dernier n’a aucun engagement à changer ou à se mettre en action. Le manager, lui, doit obtenir des résultats de la part de son équipe », rappelle Jean-Noël Chaintreuil. Parfois, cela implique de trancher, de pousser à l’action, ou même de recadrer. Prenons un exemple concret : un collaborateur en pleine séparation. Un manager attentif pourra aménager son planning pour organiser des visites de logement, mais son rôle s’arrête là. Il ne résoudra pas ses traumatismes.
La psychologie reste de son côté un outil au service du management. C’est un levier pour créer un environnement de travail sain, motivant et productif. « Un bon manager, c’est quelqu’un qui construit un cadre sécurisant, instaure une relation de confiance et motive ses collaborateurs à donner le meilleur d’eux-mêmes », conclut Jean-Noël Chaintreuil. En somme, le manager reste un guide, pas un thérapeute.
Alors oui, faire preuve d’empathie, d’écoute et de bienveillance, c’est indispensable. Mais tout est question de limites. Les managers ne doivent pas être des psys, car cela reviendrait à s’écarter de leur mission première : accompagner leurs équipes vers la réussite collective.

Experte en RH
Ancienne juriste et RH, Sonia n’a jamais tourné le dos à l’entreprise… même si son rêve était d’écrire des scénarios pour le cinéma. Aujourd’hui…
Mythes de bureau
Préjugés, idées reçues, on-dit : le lieu où l’on travaille est un théâtre de « vérités » qui influencent nos manières de travailler et de vivre ensemble. Mais rien n’est tout blanc ou tout noir. Mythes de bureau apporte de la nuance là où il n’y en a pas toujours. Une manière de prendre de la hauteur sur nos comportements et nos croyances.