Pour limiter le réchauffement climatique, l’industrie doit capter 7,6 gigatonnes de CO2 chaque année d’ici 2050 (l’Agence internationale de l’énergie (AIE)). Pour le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les techniques de captage de dioxyde de carbone font partie des solutions pour limiter l’émission des gaz à effet de serre. Dans la lutte contre le changement climatique, un nouvel expert prend une place importante : l’ingénieur en capture et stockage de CO2.
Le métier décrypté
Dans les centrales électriques, dans les usines sidérurgiques et autres sites industriels, l’ingénieur en capture de CO2 met ses compétences au service des industries où les émissions de gaz à effet de serre sont les plus importantes. Sa mission centrale ? Concevoir des systèmes de captage sur mesure. En effet, chaque industrie a ses spécificités : une cimenterie n’émet pas son CO2 de la même manière qu’une centrale électrique. Le rôle de cet ingénieur est de trouver des solutions adaptées.
Une fois les systèmes de capture et de stockage conçus, l’ingénieur supervise leur installation et optimise leur efficacité. Par ailleurs, il travaille étroitement avec d’autres maillions de la chaîne : le transport du CO2 capté (par pipeline sur de longues distances ou par navire pour des volumes plus modestes) puis son stockage dans des formations géologiques dédiées comme d’anciens gisements de gaz ou des aquifères salins profonds.
Le jargon décrypé
CSC : les techniques pour capter et stocker le carbone
Postcombustion : filtrage des fumées industrielles pour en extraire le CO2
Précombustion : procédé de transformation du combustible en gaz avant de le brûler, ce qui rend le CO2 plus facile à capturer
Oxycombustion : technique qui utilise de l’oxygène pur au lieu de l’air pour la combustion, produisant ainsi des fumées presque uniquement composées de CO2
DAC (Direct Air Capture) : captage direct du CO2 dans l’air
Réservoir géologique : formation souterraine naturelle où le CO2 peut être stocké sans s’échapper
Les compétences clés
L’ingénieur en capture de CO2 a une expertise technique pointue : un socle de connaissances solides en génie chimique, en mécanique et en environnement est fondamental. En outre, il doit maîtriser la thermodynamique, les techniques de transfert de chaleur et les procédés industriels.
En plus de ce bagage scientifique, cet expert collabore avec des équipes multidisciplinaires, comme les géologues pour le stockage, les chimistes pour l’optimisation des procédés et les experts environnementaux pour les études d’impact. Il doit donc être un excellent pédagogue et savoir communiquer ses idées clairement pour s’adapter à différents interlocuteurs. Un grand curieux, il suit et il anticipe l’évolution des technologies de captage qui évoluent en permanence.
Comment devenir ingénieur en capture de CO2 ?
Plusieurs parcours académiques mènent au métier d’ingénieur en capture de CO2 :
- Le socle classique reste le diplôme d’ingénieur (bac+5), en génie chimique, en génie des procédés ou en génie environnemental. Les écoles d’ingénieurs, comme l’École des Mines Paris - PSL, Centrale, l’INSA ou INP Toulouse proposent ces diplômes.
- Des masters spécialisés existent également : le MSc en Gestion des Catastrophes Environnementales de l’IMT Mines Alès ou le Master Environnement et Climat de l’Observatoire des sciences de l’Univers - Institut Pythéas.
Par ailleurs, plusieurs organismes proposent des formations continues :
- Le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) propose une formation courte sur les fondamentaux du stockage géologique du CO2
- IFP Training offre des modules spécialisés en capture du carbone pour les ingénieurs déjà en poste
- L’AMRAE (Association pour le Management des Risques et des Assurances de l’Entreprise) délivre des certifications professionnelles complémentaires.
L’avenir du métier
Le chantier est colossal. La France s’est engagée à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 et à diminuer le taux d’émission des gaz à effet de serre de 40 % à l’horizon 2030 (ADEME). 628 projets de capture de CO2 sont déjà déployés dans le monde, dont 191 en Europe et ils sont en forte croissance (Connaissance des Énergies). La demande en ces profils experts devrait croître pour concevoir, mettre en œuvre et gérer les infrastructures nécessaires. Le recruteur principal reste l’industrie et notamment la chimie, la chaux, les engrais, le ciment et l’acier.
Côté rémunération, un ingénieur en début de carrière démarre à environ 36 000 euros bruts annuels et un profil expérimenté gagne environ 51 000 euros bruts annuels. Le métier ne cesse d’évoluer pour intégrer de nouvelles expertises, comme le captage de CO2 dans l’air, sa conversion en produits valorisables ou encore la gestion de projets à grande échelle.
