Hypersensibilité au travail : on en parle ?

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Le 13 janvier est la journée internationale de l’hypersensibilité, c’est l’occasion de faire un focus sur ce qu’est l’hypersensibilité et partager quelques pistes qui peuvent être développées dans l’entreprise pour accompagner l’hypersensibilité.

Qu’est-ce que l’hypersensibilité ? 

L'hypersensibilité est un trait de personnalité qui se caractérise par une sensibilité émotionnelle et sensorielle plus intense que la moyenne. Les personnes hypersensibles perçoivent les stimuli externes et internes de manière amplifiée, ce qui les rend particulièrement réceptives aux nuances de leur environnement et aux émotions des autres. Ce concept a été popularisé dans les années 1990 par la psychologue Elaine Aron, qui a également développé un test gratuit pour identifier son hypersensibilité.  

Ce n'est pas un trouble ni un désordre psychique. Il s'agit d'un trait de caractère. Il n'est donc pas nécessaire, ni même possible de le soigner, de le normaliser ou de s'en débarrasser…. Les personnes qui disposent d'une grande sensibilité ont le même cerveau que les autres. Les différences observées (étude Université Utah) concernent l'activation plus nette de certaines zones cérébrales comme l'insula, qui est le centre de la conscience de soi, ainsi que les centres de la douleur et des neurones miroirs (ce qui explique une plus grande sensibilité à la douleur, une plus grande facilité à accéder à l’empathie).

L'hypersensibilité est-elle héréditaire ?

Une des pistes sur ses origines est potentiellement génétique, l'autre piste concerne l'environnement. La culture nord-américaine porte la piste de l’hérédité, alors qu'en Europe nous pensons que la sensibilité élevée plonge ses racines dans l'histoire de la personne depuis sa vie intra-utérine voire dans son l'histoire familiale.

Combien de personnes sont concernées ?

L'ensemble des auteurs s'accordent à dire que l’hypersensibilité concerne entre 20 et 30 % de la population. Concrètement, lorsque vous vous êtes manager d'une équipe de 10 collaborateurs, 2 à 3 de vos collaborateurs pourraient disposer d'une grande sensibilité.

Quels sont les signes de l'hypersensibilité ? 

Sensibilité émotionnelle

  • Réagit fortement aux critiques, même bienveillantes  
  • Ressent facilement l’ambiance d’un lieu ou l’humeur des autres  
  • Besoin de sens dans les tâches professionnelles pour rester motivé  
  • Tendance à sur analyser les échanges et situations  

Hyperstimulation sensorielle

  • Fatigue rapide en open space ou dans des environnements bruyants  
  • Sensibilité accrue aux lumières vives, aux odeurs ou au toucher  
  • Difficulté à se concentrer en cas de stimulations multiples (bruits, mouvements)  

Gestion du stress et surcharge cognitive

  • Anticipation excessive des problèmes et des imprévus  
  • Rumination fréquente des événements passés  
  • Réactions physiques au stress (maux de tête, tensions musculaires, troubles digestifs)  
  • Besoin de moments de calme pour récupérer après des interactions sociales  

Fonctionnement cognitif et émotionnel 

  • Pensée en arborescence (associations d’idées multiples, difficulté à prioriser)  
  • Grande empathie, parfois au détriment de soi-même  
  • Difficulté à mettre une distance émotionnelle avec certaines situations  
  • Tendance à absorber les émotions des autres  


Si plusieurs de ces points vous correspondent, il est possible que vous ayez une sensibilité. L’objectif n’est pas de la supprimer, mais d’apprendre à la gérer pour en faire un atout. Mais comment le gérer au travail ? 
 

Comment gérer son hypersensibilité au travail ? 

Une remarque mal formulée, un bruit de fond permanent ou un rythme de travail intense peuvent devenir sources de stress. Mais ce n'est pas une fatalité : il est possible de transformer cette sensibilité en force !

Trouver un équilibre dans son environnement de travail

L’hypersensible capte tout : les bruits, les lumières agressives, les tensions non dites. Dans un open space, cela peut vite mener à une saturation sensorielle. Travailler avec un casque antibruit, ajuster l’éclairage ou s’accorder des moments de calme limitent la fatigue mentale. Lorsque le télétravail est envisageable, il peut être une solution pour mieux gérer son rythme et éviter la surcharge. Dans un cadre plus flexible, l’hypersensible peut organiser ses tâches en fonction de son niveau d’énergie et limiter les distractions.  

Gérer les émotions et le stress au quotidien

Une critique peut être vécue comme une remise en question profonde ou une tension dans l’équipe peut impacter le moral. Plutôt que de tout absorber, apprendre à prendre du recul est essentiel. Reformuler une situation en termes factuels (« Cette critique porte sur mon travail, pas sur moi ») aide à limiter l’impact émotionnel.  

Les techniques de respiration comme la cohérence cardiaque ou la méditation sont des moyens de retrouver son calme en quelques minutes. Prendre des pauses pour marcher, s’éloigner de l’agitation et recentrer son attention sur autre chose permet aussi d’éviter l’épuisement émotionnel.  

Apprendre à poser des limites

Dire « oui » à tout par peur du conflit ou pour faire plaisir est une tendance courante chez les hypersensibles. Pourtant, poser des limites est indispensable pour préserver son énergie. Exprimer ses besoins de manière assertive, sans culpabilité, permet d’éviter la surcharge mentale.  

Il peut être utile d’expliquer à son entourage professionnel ce qui peut faciliter le travail : un brief plus structuré, un retour constructif formulé avec nuance, un cadre plus flexible pour organiser ses tâches. La communication ouverte est une clé pour mieux gérer cette sensibilité dans un cadre collectif.  


Transformer l’hypersensibilité en atout professionnel

Loin d’être une faiblesse, cette sensibilité peut devenir une force. L’intuition, l’empathie et la capacité à percevoir des détails ignorés par d’autres sont des qualités précieuses en entreprise.  Gérer son hypersensibilité au travail ne signifie pas s’effacer ou se conformer. C’est apprendre à se protéger, s’écouter et utiliser cette particularité comme un levier de réussite. Avec les bonnes stratégies, il est possible de s’épanouir pleinement tout en restant fidèle à soi-même.

 

Comment se comporter avec une personne hypersensible sur son lieu de travail ? 

Interagir avec une personne hypersensible demande une certaine finesse. Son mode de perception amplifié fait qu’elle capte les émotions, les non-dits et les tensions, parfois plus qu’elle ne le voudrait.

La communication bienveillante et précise est clé. Une critique trop directe peut être vécue comme une remise en question profonde. Exprimer un feedback de manière constructive, en valorisant les points positifs avant d’aborder les axes d’amélioration, permet d’éviter tout malentendu. Si possible, proposer un espace calme, limiter les interruptions ou offrir une certaine flexibilité (ex. télétravail, comme mentionné plus haut) peut aider l’hypersensible à gérer son énergie et sa concentration.  

Face à des réactions émotionnelles intenses, il est préférable d’adopter une posture d’écoute plutôt que de minimiser son ressenti. L’hypersensible n’est pas « trop sensible », il fonctionne simplement différemment. Lui laisser le temps d’exprimer son ressenti et clarifier la situation peut éviter bien des tensions.  

Pour les actions collectives, voici quelques pistes :

  • Former les managers à l’accueil des émotions, et à l’intelligence émotionnelle et les informer factuellement sur l’hypersensibilité.
  • Informer globalement les collaborateurs sur ce qu’est l’hypersensibilité en restant neutre et pédagogue. Ne pas stéréotyper : il y autant d’hypersensibilités que de personnes et la subtilité sera le bon mode de communication ! Cela peut être fait dans le cadre d’une valorisation de la diversité en entreprise. Saisir l’opportunité du 13 janvier pour en parler !
  • Proposer des séances de codéveloppement, espace de ressourcement et de soutien qui permet à chacun de mieux se connaître, et de résoudre leur problématique professionnelle.

Lorsqu’un hypersensible se sent perdu professionnellement ou a du mal à trouver un environnement qui lui correspond, un bilan de compétences peut être envisagé. Ce type d’accompagnement l’aide à identifier ses forces, ses besoins et à orienter sa carrière vers un cadre où son hypersensibilité sera un atout plutôt qu’un frein.

Quels métiers sont adaptés aux hypersensibles ? 

Métiers du bien-être et de la santé

Les professions axées sur l’accompagnement et l’écoute sont particulièrement adaptées car ils qui possèdent une capacité naturelle à comprendre les émotions et besoins des autres.  

  • Psychologue / Thérapeute : leur empathie facilite une relation thérapeutique profonde, essentielle dans l’accompagnement des patients.  
  • Sophrologue / Ostéopathe : ces métiers permettent d’aider les autres tout en cultivant un cadre apaisant, adapté aux besoins des hypersensibles.  

Métiers créatifs

L’hypersensibilité nourrit souvent une forte imagination et une capacité à percevoir les détails qui échappent aux autres.  

  • Écrivain / Scénariste : leur richesse émotionnelle permet de créer des récits profonds.  
  • Designer graphique / Photographe : Leur regard affûté et leur sens du détail font d’eux d’excellents créatifs visuels.  

Métiers en lien avec la nature et les animaux

Travailler dans un environnement calme et naturel aide les hypersensibles à canaliser leur énergie et à éviter la surcharge sensorielle.  

  • Jardinier / Paysagiste : un métier où l’on peut s’exprimer par la création tout en évoluant dans un cadre apaisant.
  • Soigneur animalier / Vétérinaire : la connexion intuitive avec les animaux est une force dans ces professions.  

Métiers de l'enseignement et de la formation

Les hypersensibles excellent dans les métiers où l’accompagnement et la pédagogie sont clés.  

  • Enseignant / Formateur : leur capacité à capter les besoins de leurs élèves favorise une approche bienveillante et personnalisée.  
  • Éducateur spécialisé : l’écoute et la patience sont essentielles pour accompagner des publics en difficulté.  

Métiers du digital

Certains métiers du numérique permettent aux hypersensibles de travailler dans un cadre plus calme et structuré.  

  • Développeur web / Programmeur : la concentration et l’autonomie nécessaires à ces professions correspondent aux profils hypersensibles.  
  • Rédacteur web / Community Manager : un métier qui allie créativité et liberté, avec la possibilité d’organiser son rythme de travail en fonction de son énergie.  

 

Empathie, écoute, créativité, intuition ... Vous l'avez compris, les profils hypersensibles accèdent plus facilement à ses capacités appelés aussi "soft-skills". Mais alors, quels sont les soft-skills incontournables en entreprise ? Et comment les faire émerger et développer en entreprise ? On vous dit tout dans ce guide.

 

Quelques ressource utiles pour approfondir le sujet 

  1. "Hypersensibles et doués", podcast France Inter (2015)
  2. "Ultrasensibles au travail" par Saverio Tomasella

Je télécharge le guide des softskills

 

Cet article a été rédigé par Catherine Bordaneil

Coach professionnelle

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