À la loupe
Chaque semaine ce que nous disent les chiffres et les études sur le monde du travail
Dans un contexte économique chamboulé, entre pouvoir d’achat malmené et marché du travail en tension, l’étude révèle que, malgré cela et en moyenne, 60 % des cadres, femmes et hommes confondus, ont bénéficié d’une revalorisation salariale à la hausse durant l’année 2024, un chiffre en légère hausse par rapport à 2023. Une tendance à première vue encourageante, mais à relativiser si l’on y regarde de plus près, puisque les écarts de rémunération entre les deux sexes sont encore bien réels. La région Île-de-France par exemple, qui bénéficie de la rémunération médiane des cadres la plus élevée de l’hexagone, soit 58 K€ annuels, s’illustre par un niveau d’écart salarial qui atteint 14 %.
Des écarts liés à une inégalité d’accès aux fonctions
Est-il encore nécessaire de rappeler que les interruptions de carrière liées à la maternité combinées à charges familiales accrues constituent un frein réel à l’avancement professionnel, à la progression salariale et à l’accès à des postes de direction ? Oui, il le faut comme le souligne le baromètre. Car conséquence de tout cela, les femmes cadres sont précisément encore sous-représentées sur des fonctions qui restent les mieux rémunérées, à l’instar de la direction générale (74 K€ en revenu médian), des achats (60 K€), de la finance ou de l’informatique, encore largement dominées par les hommes.
La taille de l’entreprise, autre facteur discriminant
Un constat à deux niveaux s’impose en réalité. D’une part, on note qu’une partie des femmes actives en a fait les frais en 2024, puisque les cadres travaillant dans des grandes entreprises sont 70 % à avoir été augmentées contre 49 % dans les TPE. S’ajoute à cela le fait que les femmes sont en supériorité numérique dans les structures de tailles petite ou intermédiaire, mais aussi dans des secteurs d’activité moins rémunérateurs comme les ressources humaines (50 K€ en revenu médian), la communication (45 K€), ou encore le social/médico-social (46 K€ : en d’autres termes, là où les salaires sont sensiblement inférieurs à la moyenne des cadres.
Faciliter l’accès aux responsabilités, donc à de meilleurs salaires
Pour converger vers l’égalité de rémunération entre femmes et hommes cadres, seules des actions fortes sur la transparence des salaires et l’accès à des postes à haute responsabilité seront efficaces. Pour ce faire, les politiques publiques doivent s’emparer du sujet et activer certains leviers comme le recours obligatoire aux grilles de rémunération, l’accompagnement systématique via des formations dédiées ou du mentorat, et enfin, l’élaboration d’une politique de la parentalité plus équitable, de manière à mieux prendre en considération l’équilibre entre vies professionnelle et personnelle.
Journaliste généraliste indépendante
Séverine est rédactrice en chef d’ÔRIZON le magazine de l’aéroport Toulouse-Blagnac, et journaliste généraliste indépendante collaborant avec divers…
