Détective en cybercriminalité, le métier qui traque l'ombre du web

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Une entreprise ou une institution se réveille paralysée. Ses données sont prises en otage par des hackers qui réclament une rançon. Qui appeler au secours ? Un détective en cybercriminalité (ou Cyber Crime Investigator). Cet expert passe le web au peigne fin et traque les traces numériques laissées par les criminels. Au service de la police, de la gendarmerie ou des entreprises, ce métier exige un flair d’enquêteur et des compétences techniques solides.  

Le métier décrypté

Piratage de données sensibles, cyberattaque, usurpation d’identité... Le détective en cybercriminalité navigue au cœur des infractions numériques pour traquer les criminels qui se cachent derrière leurs écrans. Il collecte soigneusement des preuves numériques et analyse les systèmes compromis. Comme un détective classique, il reconstitue le fil des événements, mais dans les profondeurs du web.  

Dans la police ou la gendarmerie, il fait le lien avec les enquêteurs de terrain pour résoudre des affaires de cyberharcèlement, d’escroquerie ou de vols d’identité. En entreprise, il intervient après une cyberattaque ou un vol de données pour identifier les failles et traquer les responsables.

Prenons un exemple concret : une série de transactions frauduleuses est détectée dans une banque. Le cyberdétective analyse les logs de connexion, reconstruit le parcours des hackers dans le système et identifie leur méthode d’intrusion. Les preuves collectées aideront à arrêter les malfaiteurs.

Le jargon décrypté

  • Forensique numérique : la collecte et l’analyse des preuves numériques sans les altérer
  • Malware : un programme malveillant conçu pour infecter un système (comme un virus, un cheval de Troie ou encore un rançongiciel)
  • Hash : empreinte numérique unique d’un fichier, comme une signature digitale
  • Remote Access Tool (RAT) : un outil permettant de prendre le contrôle d’un ordinateur à distance
  • Dark Web : la partie cachée d’Internet non régulée, connue pour ses activités illégales.  

Les compétences clés

Le détective en cybercriminalité dispose de solides compétences techniques. Il doit maîtriser les systèmes d’exploitation, les réseaux et la programmation. Il utilise des outils d’analyse forensique pour disséquer les preuves numériques. Il maîtrise l’art du chiffrement et sait détecter les failles de sécurité, même des systèmes les plus sophistiqués.

Ce Sherlock des temps modernes doit aussi faire preuve d’une rigueur sans faille pour préserver la chaîne des preuves. Naturellement curieux, il sait qu’il doit se former en permanence pour être à jour sur l’évolution des menaces numériques. Avec un grand sens de la confidentialité et une patience à toute épreuve, il sait aussi communiquer efficacement avec les équipes d’enquête et les victimes.

Les cybercriminels ne dorment jamais et ils deviennent de plus en plus créatifs. Le détective en cybercriminalité doit avoir la capacité de penser “hors cadre” pour pouvoir les suivre à la trace. Il doit aussi garder son sang-froid, car les contenus qu’il analyse sont parfois perturbants et la pression dans le feu de l’action est forte.  

Quelles formations pour devenir détective en cybercriminalité

Plusieurs formations peuvent mener au métier de cyberdétective :  

  • Certaines universités proposent des diplômes spécialisés, comme la licence professionnelle en technologies numériques, les masters en cybersécurité ou encore les diplômes d’expert forensique.  
  • Les grandes écoles d’ingénieurs, telles que l’EPITA (École pour l’informatique et les techniques avancées), l’ESIEA (École supérieure d’informatique, électronique et automatique et l’INSA (Institut national des sciences appliquées) préparent aussi à ce métier.  

Du côté des forces de l’ordre, la police et la gendarmerie nationale recrutent sur concours avant de former leurs cyber enquêteurs :  

  • La gendarmerie propose une formation interne de 12 mois, englobant la théorie et un stage sur le terrain.  
  • La police nationale sélectionne des policiers de niveau bac+3/4 pour ensuite leur offrir une spécialisation.  

Par ailleurs, il existe également des écoles spécifiquement dédiées à la cybersécurité, comme Guardia School, Cyber Management School ou encore Cyber School. Ces écoles délivrent des certifications spécifiques et proposent des cursus du bachelor au master.  

Quelles persopectives pour le métier ?

Selon le Rapport Hiscox 2023, 53% des entreprises ont subi une cyberattaque en 2022 et ce chiffre de cesse de croître. Les conséquences pour les entreprises peuvent être lourdes : une entreprise sur huit rapporte des coûts liés à une cyberattaque dépassant 230 000 euros (Data.gouv). Dans ce contexte, la police, la gendarmerie et les entreprises privées recherchent de plus en plus ces profils. Les secteurs sensibles comme la banque, la défense ou l’énergie sont les premiers demandeurs de ces compétences afin de protéger leurs infrastructures critiques.

Pour ce qui est de la rémunération, dans le secteur privé, un cyber détective débutant avec un bac+5 peut prétendre à environ 30 000 euros bruts annuels et un profil confirmé (10 ans d’expérience) peut atteindre 63 000 euros bruts annuels. Dans le secteur public, un officier de police débute à 2 500 euros net mensuel et un commissaire de police gagne environ 3 200 euros net mensuel. Pour les indépendants, le taux journalier moyen (TJM) d’un freelance en cybersécurité en 2025 est estimé entre 650 et 750 euros bruts.  

L’évolution dans le métier, liée à la demande, peut être très rapide : vers le responsable d’équipe d’investigation, en expert en cybersécurité, ou en consultant indépendant. Les cyberattaques se sophistiquent et se multiplient. La mission de ces experts de la traque digitale ne fait que commencer. 

Cet article a été rédigé par Hanna Grochocinska

Stratège éditoriale et copywriter

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