Aujourd’hui je rencontre le mouton à cinq pattes ! Géraldine Bréhon, responsable qualité, RGPD et moyens généraux chez Gestion Crédit Expert... Et oui, rien qu’ça ! Un profil qui m’interpelle et qui attise ma curiosité : à quoi ressemble son poste aujourd’hui, en temps de crise ? J’ai l’impression qu’elle va avoir beaucoup de choses à me raconter. C’est parti !
Jennifer : Bonjour Géraldine. Racontez-moi, comment se traduit la crise sanitaire dans votre PME ?
Géraldine : Bonjour Jennifer. Eh bien, pour nos 20 collaborateurs cela a été un grand changement. En effet, nous ne pratiquions pas encore le télétravail. Mais heureusement, nous y avions déjà pensé et commencions à mettre en place des actions pour le mettre en place avant la crise. Nous avions renouvelé notre matériel informatique en ce sens. Confinement oblige, nous avons basculé prématurément tous nos effectifs en connexion à distance, y compris nos stagiaires. Il a fallu tout dématérialiser, ce qui m’a demandée beaucoup plus d’interactions avec les salariés, jongler entre les différents outils, faire du cas par cas et être très pédagogue.
Pour ma part, il a fallu comprendre le fonctionnement des bureaux à distance et mon poste aujourd’hui est davantage technique. J’ai dû mettre en place un outil collaboratif pour nos équipes, passer beaucoup de temps avec chacun des salariés particulièrement ceux qui n’ont pas de grandes connaissances en informatique, prendre la main à distance pour résoudre les problèmes techniques par exemple. Cette situation demande beaucoup d’organisation et ma direction a été motrice en créant une cellule de crise pour prioriser et mettre en place des actions. Mon rôle est d’accompagner nos collaborateurs dans le changement et de trouver des solutions.
J : Waouh ! Quelle pêche ! Quelle est votre bête noire du moment ?
G : Ma connexion internet ! J’habite dans un petit village et la connexion laisse à désirer. Donc j’essaye de faire preuve de patience, je coupe le son, je crie un bon coup et c’est reparti. Il est vrai que ce contexte n’est pas évident, c’est fatiguant... et mêler vie pro et vie perso est un peu complexe en ce moment ! Mais le bon côté c’est que j’arrive à me recentrer plus facilement car je n’ai pas d’interruption comme au bureau.
J : Ah la patience, très important ! Quelles sont vos préoccupations en temps de covid ?
G : Elles sont nombreuses. Il est important de faire preuve de diplomatie avec nos clients, de rester professionnel tout en restant transparent et bienveillant. J’ai aussi une inquiétude sur le moral des troupes et des difficultés que peuvent rencontrer les salariés. Il faut rester vigilant et prêter attention à communiquer avec efficacité. Sans oublier l’écoute. Habituellement on écoute pour répondre ensuite, aujourd’hui plus que jamais on écoute pour recevoir la parole seulement. Les individus ont besoin de ça, particulièrement ceux qui se retrouvent confinés seuls. Il faut faire preuve d’empathie et rester humain.
J : Comment voyez-vous le retour de ce confinement ?
G : J’espère un confinement progressif mais j’entends déjà le téléphone qui n’arrête pas de sonner. Il va falloir être sur le front. Je pense qu’on planifiera une réunion de retour mais nous mettons déjà énormément d’effort dans les échanges quotidiens. La direction est très présente ainsi que le CSE qui provoque des réunions toutes les semaines. L’information circule déjà très bien. La reprise devrait être “normale” pour nous car nous n’avons pas de rupture d’activité. Et j’envisage aussi de mettre en place une enquête en interne anonyme, pour recueillir le ressenti de chacun.
J : Alors ? Conquise par le télétravail ?
G : Le bon côté de cette situation c’est que ça nous aide à réfléchir à l’après. Effectivement, le télétravail en fait partie, nous savons désormais que ça fonctionne. Nous avons la preuve que nos équipes sont productives (voir plus) même à distance et ce avec ou sans enfants. Donc oui, nous sommes conquis bien évidemment.
J : Quelle sera la première chose que vous ferez au retour du confinement ?
G : Spontanément j’aurais dit aller chez le coiffeur ! (Rires) Côté professionnel, je ramène tout mon équipement de travail... au travail ! Je veux que tout reprenne sa place. Pour moi, tout ce qui est au travail reste au travail, j’ai besoin de créer cette rupture.
J : Géraldine, quels conseils donneriez-vous à vos confrères ?
G : Premièrement, je conseille d’encourager à la formation. Certains des salariés ont du temps disponible sur leur créneau de travail, c’est une superbe occasion de les enrichir et de développer leurs compétences. D’autant plus qu’il y a plein de mooc en ligne. Ensuite, je conseille de guider les collaborateurs dans leur quotidien. Par exemple, rappeler le droit à la déconnexion est primordial aujourd’hui, surtout pour les personnes qui ne sont pas habituées au télétravail. J’envoie beaucoup de documentation, les articles de votre blog par exemple ! Enfin, et le plus important, je conseille de multiplier les échanges (moins longs), pour laisser s’exprimer chaque collaborateur et avoir une écoute différente. Il faut être support et revenir à l’essentiel des ressources humaines : l’humain.
J : “Repenser humain.” J’aime beaucoup ce conseil. Et vous, comment allez-vous ?
G : Oh ! Tout dépend des moments mais je suis plutôt sereine et confiante de l’effort collectif qui est fait. J’ai tendance à être hyperactive mais j’arrive à me recadrer et j’évite de m’éparpiller pour aller à l’essentiel.
J : Heureuse d’entendre ça. Bonne continuation Géraldine.
Repenser l’humain... Ah quel plaisir d’entendre cette phrase. Je me demande s'il n'y a finalement pas du positif dans cette fichue crise. Qui sait ? Peut-être que les gens seront moins égocentriques et plus empathiques et justes ? Seul le temps nous le dira.
Trêve de philosophie, prochaine interview : Martin, autoentrepreneur d’une agence de communication qui ne connait pas (encore) la crise. À très vite !
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