Ce matin, je prends mon thé toute seule derrière mon écran - confinement oblige - et j'ai plusieurs émotions qui me traversent l'esprit. Je me sens un peu seule sans mes collègues, mais finalement je n’ai jamais vu autant d'actions solidaires qu’en cette période de crise. J'ai l'impression qu'on va réussir à s'en sortir. J’aimerais bien savoir ce que les autres en pensent... alors je vais à la rencontre - virtuelle ! - de ceux qui travaillent, à tous les niveaux, pour comprendre leur ressenti et prendre la température.
Aujourd'hui, c'est Christophe Marcilly, président d'Apixis, une entreprise informatique de 18 employés, qui m'accorde quelques minutes pour partager son expérience.
Jennifer : Bonjour Christophe, dites-moi tout. Qu’est-ce que cette crise sanitaire change dans votre organisation ?
Christophe : “Dès la mise en place du confinement par le gouvernement, nous avons bien entendu mis en place le télétravail pour la totalité de nos collaborateurs. Nous avions, fort heureusement, anticipé la semaine précédente en mettant une partie des effectifs en télétravail afin de tester et de corriger les couacs. Comme on le pressentait, notre activité a vivement augmenté. Nous avons dû répondre aux besoins de nos clients qui, eux aussi, ont mis en place le travail à distance pour leurs équipes. Il a fallu répondre à cette surcharge d’activité dans un délai très court.
Du jour au lendemain, nous nous sommes retrouvés d’un quotidien rythmé de partages, d’échanges, de petits déj’ entre collègues à un quotidien chacun chez soi. Au début, nous avons trouvé ça rigolo, c’était nouveau, on se retrouvait tous sur notre plateforme collaborative, par visio. D’ailleurs notre cohésion d’équipe et notre notion d’entraide était bel et bien là et l’est toujours. Aujourd’hui, le temps se fait long, nous sommes dans l’incertitude et ne savons pas quand la situation évoluera. Et mon rôle est alors d’impliquer mes salariés dans des projets. Pour cela nous avons mis en place des outils pour préserver un lien constant avec les équipes et planifions des réunions régulièrement pour partager, échanger sur les sujets professionnels mais pas que. Je demande tous les jours à tous mes collaborateurs s’ils vont bien.”
J : Super ! Et je suppose que votre rôle a évolué un petit peu ces derniers temps ?
C : “En début de crise, nous avons réuni une cellule de crise avec la direction. Nous avons priorisé les actions et avons distribué les rôles. J’ai pris le rôle de communiquant clients. Il est vrai que nous n’avions pas ce poste avant la crise et aujourd’hui il est indispensable. Il a fallu les conseiller, les accompagner, les aider à choisir les bons outils ou encore les avertir des arnaques informatiques par exemple. Je me charge donc d’envoyer deux à trois communications clients par semaine.”
J : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez aujourd’hui en tant que patron ?
C : “Les principales difficultés ont été et sont toujours sur la gestion des mesures à mettre en place : congés, garde d’enfants des salariés, chômage partiel, gestion de la trésorerie de l’entreprise... Ce sont des sujets sensibles qu’il a fallu prioriser.”
J : Qu'est-ce qui vous préoccupe aujourd’hui ?
C : "Ma plus grande préoccupation est de garder le lien avec mes salariés qui sont au chômage technique. Il y a un fort risque d’isolement pour ceux qui se retrouvent seuls chez eux et sans activité. Les jeux vidéo et les séries c’est bien 10 jours, après... Il faut les soutenir, échanger avec eux et leur montrer qu’on ne les oublie pas. Ma seconde préoccupation, c’est de réfléchir aux meilleures dispositions et décisions à prendre pour l’entreprise.”
J : Très juste. A votre avis, à quoi va ressembler le retour de ce confinement ?
C : "Moi je crois à un déconfinement partiel et parcellaire. Et je vois déjà notre activité doubler. Nos clients vont vouloir remettre en place leur fonctionnement bureau. Les rôles de chacun de nos salariés vont un petit peu changer : le terrain viendra en renfort au support."
J : Sans parler d’aller chez le coiffeur ou sortir au restaurant, quelle sera la première chose que vous ferez après le confinement ? Au sein de votre entreprise ?
C : "Je pense que j’organiserai une réunion avec tous nos collaborateurs pour débriefer. Je veux que chacun puisse s’exprimer, échanger et partager son ressenti. Et qu’on se retrouve tous surtout. En prenant des précautions en termes de sécurité bien évidemment."
J : Et vous, comment allez-vous ?
C : "Aujourd’hui malgré cette crise, je suis serein et optimiste, premièrement parce que mon entreprise ne rencontre pas de grande difficultés financières, mais surtout grâce à la solidarité de notre écosystème économique et de nos collaborateurs. Je ressens une entraide incroyable, il y a beaucoup d’échanges bienveillants et un excellent état d’esprit de tous. Nos salariés se sont même proposés pour poser des jours de congés pendant le confinement, sans qu’on leur demande.
Je pense qu’il y a une réelle évolution des mentalités et des modes de fonctionnement et tant mieux ! Il y a beaucoup plus de bienveillance et d’écoute qu’en temps normal et ça met du baume au cœur ! D’ailleurs j’en fais de même en conséquence : je me suis mis à appeler tous nos clients pour leur demander comment ça allait pour eux.
Et bien évidemment, je suis impatient que la situation se débloque car chez Apixis c’est avant tout un travail d’équipe, d’échanges avec nos clients, de rencontres...”
J : Je pense qu’on est tous très impatients ! Quel serait le conseil du patron en temps de COVID-19 ?
C : “Restez chez vous ! Et ne pas paniquer, se rassurer. Les mesures mises en place sont très à la hauteur de la situation actuelle. Rester serein et lucide. Et surtout, être bienveillant vis-à-vis des collaborateurs et de l’écosystème. Je souhaite un bon courage aux entreprises en difficulté.”
J : Merci Christophe et bonne continuation !
Ah ! C’est rassurant d’entendre une voix de patron positive et optimiste. Les actualités, les infos à la télé ont tendance à m’angoisser et me faire penser que nous sommes foutus. Mais la réalité du terrain est là : tout n’est pas complètement à l’arrêt. Et quelle joie d’entendre parler un chef d’entreprise de bienveillance.
Allez ! Je suis reboostée à bloc ! Et j’ai rendez-vous avec Géraldine, Responsable Qualité, RGPD et Moyens Généraux... rien qu’ça ! Hâte de savoir quel est son quotidien en temps de crise. Restez connectés.
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