Les principes de base de l'annualisation : définition
L'annualisation du temps de travail repose sur plusieurs principes clés. Tout d'abord, la durée annuelle de travail effectif est limitée à 1 607 heures maximum, sans compter les éventuelles heures supplémentaires. Cette durée correspond à une moyenne de 35 heures de travail par semaine sur l'année.
L'annualisation offre une flexibilité permettant à l'employeur de moduler les horaires de travail des salariés en fonction des évolutions de l'activité de l'entreprise. Ainsi, le temps de travail peut être augmenté lors des périodes de forte activité et réduit lors des périodes plus calmes.
Il est également important de noter que l'annualisation ne peut pas être mise en place pour un salarié isolé, elle doit concerner un groupe de salariés ou l'ensemble de l'entreprise.
Enfin, l'annualisation doit respecter certaines dispositions légales, dont notamment le respect des délais de prévenance pour informer les salariés des modifications de leurs horaires et le respect du temps de repos obligatoire.
Comment mettre en place l’annualisation du temps de travail ?
Cet aménagement d’horaire n’est possible que sous certaines conditions et est soumis à un accord collectif. Il ne peut pas concerner un seul salarié de l'entreprise, mais doit inclure tout un service, voire tout le personnel salarié de la société.
S’il n’y a pas de convention dans l’entreprise qui en précise les conditions, la mise en place de l’annualisation du temps de travail doit respecter les trois étapes suivantes :
- Etape 1 : L’employeur consulte les représentants du personnel en amont. Il s’agit des membres du Comité Social et Economique (CSE). Jusqu’à fin 2019, les représentants peuvent être les délégués du personnel ou du comité d'entreprise. En savoir plus sur la mise en place du CSE.
- Etape 2 : L’employeur et les représentants du personnel doivent échanger sur les modalités de cet aménagement du temps de travail. Une convention ou un accord doit émerger de ces négociations.
- Etape 3 : L’employeur doit ensuite transmettre cet accord collectif à l’Inspection du Travail.
Dans le cas où l’étape de négociation ne débouche pas sur un accord, l’employeur peut toujours avoir recours à l’annualisation du temps de travail, mais sur une période qui ne peut excéder quatre semaines.
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Comment se calcule l'annualisation du temps de travail ?
Afin de calculer la répartition des heures dans le cadre d’une annualisation du temps de travail, il faut prendre en compte certaines données :
- La durée du travail doit être décomptée sur une année civile complète.
- La durée du travail hebdomadaire ne peut pas dépasser 48 heures, sauf circonstances exceptionnelles qui peuvent élever ce plafond à 60 heures.
- Le nombre d’heures hebdomadaires du contrat de travail (35 h, 39h,...).
- Les jours de repos hebdomadaire, les jours fériés, les droits aux congés payés, etc...
La gestion des temps et le suivi de l'activité sont au coeur d'une bonne gestion de l'annualisation du temps de travail.
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Quel impact sur la rémunération des salariés ?
L’employeur a deux possibilités pour mettre en place la rémunération des salariés :
- Lisser la rémunération sur une année civile. Le salarié perçoit alors un salaire identique chaque mois.
- Verser une rémunération au réel. Le salarié perçoit alors un salaire qui correspond au volume de travail réalisé chaque mois. Cette possibilité entraîne des variations de rémunération parfois importantes qu'il faut anticiper dans la gestion de la trésorerie.
L’annualisation du temps de travail permet à l’employeur de limiter le recours aux intérimaires ou aux contrats courts, en lissant les heures de travail des salariés en fonction des périodes d’activités.
Que dit la loi en 2024 ?
Plusieurs changements récents concernant l'annualisation du temps de travail en France sont à noter. Ces changements touchent principalement les obligations d'information de l'employeur, les règles sur les heures supplémentaires et les congés payés, ainsi que les modalités de mise en place de l'annualisation.
Voici les points à retenir :
- Obligations d'information de l'employeur : depuis le 1er novembre 2023, l'employeur doit fournir de nouvelles informations à ses salariés. Ces informations doivent être communiquées individuellement au salarié au plus tard le 7e jour calendaire suivant la date d'embauche et incluent des éléments tels que l'identité des parties, le lieu de travail, l'intitulé du poste, les éléments de rémunération, et notamment les modalités d'aménagement du temps de travail si un tel dispositif est mis en place (source).
- Décompte des heures supplémentaires : depuis l'été 2023, le décompte des heures supplémentaires s'effectue via la Déclaration sociale nominative (DSN), ce qui permet une couverture plus large, notamment des entreprises de moins de dix salariés. Ce changement offre également un délai de mise à disposition des données plus court et une meilleure détection des heures supplémentaires structurelles (source).
- Modalités d'aménagement du temps de travail : la législation offre la possibilité d'adapter à l'entreprise les conditions et modalités d'attribution et de prise du repos compensateur de remplacement, après consultation du comité social et économique. En l'absence d'accord, la contrepartie obligatoire sous forme de repos est fixée en fonction du nombre d'heures supplémentaires et de la taille de l'entreprise (source).
- Durée maximale de travail hebdomadaire : La durée de travail effectif hebdomadaire est limitée à 48 heures sur une même semaine et à 44 heures par semaine en moyenne sur une période de 12 semaines consécutives, avec des dérogations possibles sous certaines conditions (source).
La mise en place de l'annualisation dans l'entreprise
L'organisation du temps de travail
L'organisation du temps de travail dans le cadre de l'annualisation requiert une planification précise et une communication claire avec les employés.
Cela implique généralement la mise en place de cycles de travail qui tiennent compte des variations de l'activité de l'entreprise au cours de l'année. Par exemple, un cycle pourrait comprendre une période de haute activité durant laquelle les employés travaillent plus d'heures, suivie d'une période de faible activité durant laquelle ils travaillent moins d'heures.
Il est crucial de respecter les règles de prévenance pour informer les salariés des modifications de leurs horaires.
Dans ce contexte, l'utilisation d'un logiciel RH peut faciliter la gestion de l'annualisation, en aidant à suivre les heures de travail et à communiquer efficacement les changements de planning aux employés.
Enfin, l'organisation doit respecter les règles légales telles que les limites sur la durée maximale du travail et les temps de repos obligatoires.
La gestion des cycles de travail
La gestion des cycles de travail se fait de manière précise dans le cadre de l'annualisation. Celle-ci consiste à organiser les temps de travail et de repos sur une année complète, impliquant des périodes de travail plus intenses et des périodes plus calmes.
La mise en place de cycle de travail hebdomadaire est fondamental dans le cadre de l'annualisation du temps de travail. On va alors retrouver plusieurs modulation du temps de travail :
- Les périodes hautes correspondent à une augmentation du temps de travail hebdomadaire, pouvant aller au-delà de la durée légale de 35 heures.
- Les périodes basses correspondent à une diminution du temps de travail hebdomadaire, pouvant être inférieur à la durée légale.
Un outil de conception de cycles de travail peut être utilisé pour planifier et adapter les cycles de travail à l'organisation de l'activité de l'entreprise.
Il est essentiel de respecter les règles juridiques en vigueur lors de la mise en place de ces cycles, notamment en ce qui concerne les heures supplémentaires.
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La prise en compte des jours fériés
Dans le cadre de l'annualisation du temps de travail, les jours fériés chômés ont une place spécifique. Selon la loi en vigueur, ces jours sont considérés comme des jours non travaillés, c'est-à-dire qu'ils comptent pour 0 heures de travail, qu'ils soient rémunérés ou non.
Il faut donc les soustraire du total des jours ouvrables de l'année pour déterminer le temps de travail réellement effectué. Par exemple, pour un salarié qui travaille 35 heures par semaine, on retiendra 272 jours ouvrables, auxquels on déduira les jours de repos, les jours fériés et les congés payés.
Il est à noter que le nombre de jours fériés peut varier d'une année à l'autre, mais cela n'affecte pas le plafond de 1 607 heures annuelles de travail. Les jours fériés tombant un samedi ou un dimanche ne sont généralement pas comptés dans ce calcul.
Il est recommandé d'utiliser un logiciel RH pour suivre précisément le décompte des jours fériés et leur impact sur le temps de travail de chaque salarié.
Le contrat de travail annualisé : points clés
La durée annuelle de travail : 1607 heures
Dans le cadre d'un contrat de travail annualisé, la durée de travail effective est fixée à 1607 heures par an pour un salarié à temps plein. Ce chiffre n'est pas arbitraire mais résulte d'une formule précise, prenant en compte divers facteurs tels que les jours fériés, les congés et les week-ends.
Pour les salariés aux 39 heures par semaine, le temps de travail annualisé est de 1787 heures. Toutes les heures effectuées par le salarié au-delà de 1607 heures (ou 1787 heures pour un temps plein à 39 heures) doivent lui être rémunérées comme des heures supplémentaires.
L'aménagement du temps partiel annualisé
L'aménagement du temps partiel annualisé permet une modulation de la durée de travail sur l’année. Il nécessite une convention ou un accord collectif et un contrat de travail écrit qui doit comprendre certaines clauses obligatoires. Le taux de majoration des heures complémentaires reste le même que pour un contrat à temps partiel classique, soit à 10 % jusqu'à la durée légale du travail et à 25 % au-delà.
Un logiciel RH peut être une aide précieuse pour gérer l'annualisation du temps partiel, car il permet de suivre les heures de travail de chaque salarié et de communiquer efficacement les changements de planning.
Il faut également noter que le Code du travail (articles L. 3123-1 et suivants), assure aux salariés à temps partiel annualisé les mêmes garanties que ceux à temps partiel de droit commun.
Les spécificités du contrat annualisé
Le contrat de travail annualisé se caractérise par plusieurs spécificités. Notamment :
- La variabilité de la durée du travail : la durée hebdomadaire de travail peut fluctuer au cours de l'année, avec des semaines à plus de 35 heures et d'autres à moins.
- L'ajustement des horaires en fonction de l'activité de l'entreprise : le contrat permet une gestion souple des plannings pour une meilleure productivité.
- Le salaire peut être variable en fonction des heures travaillées. Cependant, l'annualisation du temps de travail ne doit pas conduire à une réduction importante de la rémunération prévue dans le contrat sans l'accord du salarié.
- La répartition des heures de travail doit être prévue dans le contrat : elle doit inclure une mention explicite des conditions et modalités d'annualisation.
- Le décompte des congés payés est spécifique en raison de l'annualisation du temps de travail.
Ces spécificités nécessitent une bonne compréhension par les salariés et les employeurs pour éviter toute confusion ou mauvaise surprise.
Méthodes et exemples de calculs liés à l'annualisation
Comment calculer les 1607 heures?
Pour calculer les 1607 heures, il faut prendre en compte plusieurs éléments. Tout d'abord, la base de calcul est de 365 jours par année. On retranche ensuite :
- 104 jours pour les samedi et dimanche
- 25 jours pour les congés payés
- un forfait de 8 jours pour les jours fériés
Ce qui donne 228 jours de travail dans l’année. En supposant une journée de travail de 7 heures, cela donne 1596 heures. Le chiffre de 1607 heures correspond donc à une moyenne annuelle, avec une certaine marge pour tenir compte des variations possibles d'une année à l'autre.
Ces calculs sont basés sur une semaine de travail de 35 heures. Pour une semaine de 39 heures, le total est de 1787 heures. Cela signifie que toute heure travaillée au-delà de ces limites est considérée comme une heure supplémentaire et doit être rémunérée en conséquence.
Décompte et répartition des heures sur l'année
Le décompte des heures de travail dans le cadre de l'annualisation nécessite un suivi précis et régulier. En effet, le nombre d'heures effectuées au-delà d'une limite hebdomadaire prévue par l'accord ou la convention d’annualisation sont décomptées en tant qu'heures supplémentaires.
Les heures de travail sont généralement réparties sur une période d’une année civile, avec une base annuelle de 1 607 heures pour les salariés qui travaillent 35 heures par semaine.
Il existe des outils pour aider à la gestion de ce décompte, comme un compteur individuel de suivi qui enregistre le nombre d’heures de travail effectif réalisé dans le mois et le cumul des heures de travail effectif réalisé depuis le début de la période d’annualisation.
L'annualisation permet des variations dans les heures de travail, dans le respect de la limite annuelle d’heures prévues. En cas de dépassement de cette limite, les heures supplémentaires doivent être rémunérées en conséquence.
Comment calculer un temps partiel annualisé?
Pour calculer un temps partiel annualisé, il faut d'abord déterminer le taux d'activité du salarié, c'est-à-dire la proportion d'heures travaillées par rapport à un temps complet. Pour un salarié à temps plein effectuant 35 heures par semaine, correspondant à 1607 heures à l'année, le calcul serait le suivant :
- Pour un salarié à 80 %, le temps de travail annualisé serait de 1285,6 heures (80 % de 1607 heures).
- Pour un salarié à 50 %, le temps de travail annualisé serait de 803,5 heures (50 % de 1607 heures).
Pour obtenir la durée de travail mensuelle, il faut ensuite diviser ce nombre d'heures par 12. Enfin, pour obtenir la répartition du temps de travail sur l'année, il est nécessaire de prendre en compte les périodes de congés et les variations d'activité de l'entreprise.
Notez que le temps partiel annualisé peut varier en fonction des besoins de l'entreprise et des souhaits du salarié, et qu'il doit être précisé dans le contrat de travail.