La qualité des sols est devenue une ressource stratégique. Avec les défis climatiques et environnementaux, l’agriculture doit s’adapter d’urgence et embrasser des pratiques plus durables. Au-delà de la nécessité, l’agriculture régénérative est un marché très dynamique : il a déjà atteint 7,34 milliards de dollars et continue de croître (Kings Research, 2024). Un virage qui s’impose alors que 20% des agriculteurs français vivent sous le seuil de pauvreté, avec des revenus en chute de 40% sur les trente dernières années (Ministère de l’Agriculture). Au cœur de ce bouleversement, un nouveau métier émerge : l’agronome en agriculture régénérative. Mi-scientifique, mi-coach, ce nouveau profil fait le lien entre la recherche de pointe et le terrain pour réinventer nos pratiques agricoles.
Le métier décrypté
Bien sûr, l’agronome en agriculture régénérative connaît les cultures traditionnelles jusqu’au bout des doigts. Mais sa mission principale va bien au-delà : participer à la transformation des exploitations agricoles en écosystèmes durables et productifs. Au quotidien, il analyse des sols, il planifie les rotations de cultures et il accompagne les agriculteurs vers de nouvelles pratiques.
Il est au service de plusieurs industries. Dans les grandes coopératives agricoles, il pilote la transition vers une agriculture plus vertueuse. Dans l’industrie agroalimentaire, il participe au développement des filières durables et il aide à décarboner la production. Auprès des exploitants, il les conseille et il les accompagne dans la transition vers l'agriculture régénérative, en les aidant à mettre en planche des actions concrètes, comme les couverts végétaux, l’agroforesterie ou encore le pâturage rotatif.
Ce qui caractérise le métier d’agronome en agriculture régénérative, c’est son approche holistique qui place la santé des sols au centre de tout. Bien plus qu’un support de culture, le sol est pour cet expert un écosystème vivant qu’il veille à préserver. Son objectif ambitieux est de concilier la productivité agricole avec la régénération des ressources naturelles.
Les 5 qualités essentielles de l’agronome en agriculture régénérative
- Une expertise technique solide : impossible d’accompagner les agriculteurs sans maîtriser les fondamentaux, comme le travail du sol, l’agroforesterie ou la gestion du pâturage.
- Le sens de la pédagogie : savoir expliquer simplement des concepts complexes, donner l’impulsion pour changer de méthode — l’expert doit trouver les mots justes pour convaincre sans brusquer
- La vision globale : les cultures sont liées au sol, au climat et à la biodiversité. L’agronome doit les prendre en compte dans leur globalité et déchiffrer les liens invisibles.
- Un mélange de créativité et de patience : il ne propose pas de solutions toutes faites, mais des idées sur-mesure. Il sait que la transition prend du temps.
- L’art de rassembler : l’agronome navigue entre les champs et les bureaux, faisant le pont entre les agriculteurs, les techniciens et les dirigeants.
Les compétences clés
L’agronome en agriculture régénérative allie une expertise scientifique pointue et un savoir-faire terrain.
Du côté technique, voici les compétences attendues :
- La maîtrise des sciences du sol
- Une compréhension fine des écosystèmes
- Une connaissance approfondie des pratiques agricoles innovantes.
Du côté humain, l’agronome en agriculture régénérative doit maîtriser :
- La conduite du changement
- La conception des plans d’action réalistes
- La gestion de projets de transition et la coordination des équipes
- La gestion des risques.
Son atout majeur ? Une curiosité sans limites et une soif d’apprendre. En effet, dans ce métier toujours en évolution, il doit se familiariser avec les nouveaux outils d’agriculture de précision, de dernières avancées sur la séquestration carbone ou encore l’évolution réglementaire.
Avenir et évolutions du métier
L’agriculture régénérative gagne en importance. Certaines entreprises, comme Danone, Nestlé ou Limagrain, ont lancé leurs programmes d’agriculture régénérative. D’autres acteurs rejoignent le terrain, comme les coopératives agricoles, les cabinets de conseil ou encore les startups spécialisées. La tech s’invite aussi dans les champs.
Le métier est en pleine construction et évolue rapidement, notamment avec l’arrivée des outils numériques et des satellites. Ses missions devraient se diversifier également, en incluant le développement de filières durables, la certification carbone ou encore la formation des agriculteurs.
Côté rémunération, compte tenu de la rareté de ces compétences, les rémunérations devraient dépasser celles des ingénieurs agronomes “classiques”, c’est-à-dire évoluer vers une fourchette de 50 000 à 80 000 euros bruts annuels.
Quant à la formation qui prépare au métier, le parcours qui y prépare comprend :
- Un diplôme d'ingénieur agronome (Bac+5)
- Une spécialisation en agroécologie ou en agriculture régénérative
- Des formations de formation continue, comme le Programme Biospheres RegenAG, la Farm Academy Bonduelle ou encore la formation Regenacterre.
À mesure que nos sols s’épuisent, les gardiens des sols vivants s’imposent comme les artisans essentiels d’une agriculture d’avenir.