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Article - Sciences

7 clichés sur le cerveau qui nous empêchent de prendre les bonnes décisions

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Dans nos cerveaux

Les sciences cognitives et comportementales pour comprendre nos décisions


Les neuromythes vous influencent peut-être sans le savoir. Les neuromythes, ce sont des croyances fausses sur le fonctionnement du cerveau. Ces idées erronées se propagent parfois comme des vérités absolues dans le monde professionnel. Pourtant, ces convictions peuvent influencer négativement des décisions managériales, les pratiques RH ou encore la formation des employés. Voici sept clichés à déconstruire pour éviter les pièges de la "Neuromania".

1. «Nous n'utilisons que 10 % de notre cerveau »

Ce mythe persistant suggère que nous sous-exploitons notre potentiel cérébral. En réalité, les neurosciences montrent que l’ensemble du cerveau est actif, même pendant le sommeil. Ce cliché trouve son origine dans des études des années 1930 interprétées de façon incorrectes ou dans des simplifications médiatiques. Croire à ce mythe peut conduire à investir dans des formations ou outils promettant un "déblocage" fictif de capacités inexploitées.

2. «Cerveau gauche logique, cerveau droit créatif »

L’idée que certaines personnes seraient "cerveau gauche" (rationnelles) ou "cerveau droit" (créatives) est séduisante mais fausse. Les deux hémisphères travaillent en synergie pour accomplir la plupart des tâches cognitives. Ce mythe découle d’une mauvaise interprétation des recherches sur la spécialisation cérébrale. L’adopter peut encourager des stéréotypes inutiles en entreprise.

3. «Les styles d’apprentissage (visuel, auditif, kinesthésique) »  

Dans le monde du développement professionnel circule la croyance qu’adapter la formation au style d’apprentissage préféré d’un individu améliore ses performances. Pourtant, les recherches montrent que cette approche n’a aucun fondement scientifique solide et peut même limiter les opportunités d’apprentissage. En entreprise, cela peut entraîner un gaspillage de ressources dans des formations inefficaces. Le plus efficace consiste à stimuler en parallèle les différents sens pour mieux ancrer l’apprentissage.

4. «Tout se joue avant 3 ans »

L’idée que le développement cérébral est figé après les premières années de vie est inexacte. Bien que l’enfance soit une période cruciale pour l’apprentissage, le cerveau conserve une plasticité tout au long de la vie, permettant l’acquisition de nouvelles compétences y compris à l’âge adulte. Ce mythe peut conduire à sous-estimer l’agilité et le potentiel de développement continu des employés.

5. «Le multitâche augmente la productivité »

Dans un monde professionnel où la polyvalence est valorisée, croire que le cerveau peut gérer efficacement plusieurs tâches en simultané est une erreur. Les études montrent que le multitâche réduit la performance, limite l’attention et augmente le stress, car le cerveau doit constamment basculer entre les tâches. Encourager cette pratique peut nuire à la qualité du travail et au bien-être des collaborateurs.

6. «La musique classique rend plus intelligent »

L’effet Mozart, popularisé dans les années 1990, prétendait que l’écoute de musique classique augmentait l’intelligence. Bien qu’elle puisse temporairement améliorer certaines performances cognitives (comme les capacités spatiales), il n’existe aucune preuve qu’elle booste durablement l’intelligence. Les entreprises investissant dans ce type de solutions risquent de perdre leur temps.

7. «Les tests de personnalité définissent vos aptitudes professionnelles »

L’utilisation abusive de tests psychométriques basés sur des catégories rigides (introverti/extraverti, bleu/vert/rouge/jaune) repose souvent sur des bases scientifiques discutables. Ces outils simplifient excessivement la complexité humaine et peuvent mener à des décisions biaisées ou contre-productives. D’où l’importance de croiser ces résultats avec des entretiens qualitatifs qui tiennent compte de la complexité des sujets.

Neuromythes, quel danger ?

Les neuromythes façonnent nos croyances et peuvent influencer nos pratiques professionnelles. En entreprise, ils peuvent conduire à des choix managériaux erronés, au gaspillage de ressources ou à des attentes irréalistes vis-à-vis des employés. Par exemple, une étude a révélé que 67 % des enseignants adhèrent à au moins un neuromythe, illustrant leur prévalence même chez les professionnels formés.

Pour éviter ces écueils, il est essentiel d’adopter une approche critique et informée face aux découvertes neuroscientifiques. Investir dans des formations basées sur des preuves solides et s’appuyer sur des experts qualifiés sont deux leviers clés pour démystifier ces croyances et maximiser le potentiel humain au travail.

Méfiez-vous des raccourcis séduisants mais fallacieux : votre cerveau mérite mieux ! 

 

Consultant et expert en neurosciences

Michel Abitteboul est consultant en communication et expert en neurosciences. Il a dirigé la communication de grandes entreprises internationales…

Dans nos cerveaux

Au travail comme à la maison, les sciences cognitives et comportementales nous permettent de comprendre de plus en plus finement la complexité de nos comportements et des processus cognitifs qui les sous-tendent. Mémoire, fonctionnement psychologique et organisationnel, charge mentale ou charge émotionnelle : chaque chronique explore les méandres de l'esprit humain à travers le prisme des sciences cognitives et comportementales.

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