Le quiet-quitting ou « démission silencieuse » est un phénomène qui a vu le jour sur le réseau social TikTok en juillet 2022 et qui s’est popularisé. Dans une publication « coup de gueule », un salarié américain invite les travailleurs à cesser d’en faire trop pour leur entreprise et à se limiter au strict minimum.
Concrètement, qu’est-ce que le quiet-quitting ? Quelles en sont les conséquences pour l’entreprise ? Et comment prévenir ce phénomène ? On vous explique.
Quiet-quitting ou « démission silencieuse » : définition
La démission silencieuse ou quiet quitting désigne le fait, pour un collaborateur, de respecter scrupuleusement ses horaires de travail, de ne plus répondre aux e-mails en dehors de son temps de travail effectif, de ne plus accepter des tâches ou des responsabilités supplémentaires.
Autrement dit, la démission silencieuse est une forme de désengagement des salariés qui refusent de faire plus que ce que prévoit leur contrat de travail. Ce phénomène révèle donc un fossé entre les attentes des collaborateurs et ce qu’offrent réellement leurs entreprises.
Quelles sont les conséquences du quiet-quitting pour l’entreprise ?
Une baisse de la productivité
Des salariés désengagés entraînent une baisse de la productivité. En s’en tenant au strict minimum, les collaborateurs ne sont plus animés par l’envie de « se donner » pour l’entreprise. Ils refusent de s’investir et de fournir un effort supérieur qui est pourtant indispensable à la productivité comme le montre une étude Gallup. De plus, le désengagement a un coût élevé. En 2020, l’IBET l’évaluait à 14 310€ par salarié et par an.
La fidélisation des collaborateurs est fragilisée
Dès lors que les salariés se désengagent, la probabilité qu’ils quittent l'entreprise pour une autre organisation avec des conditions de travail en phase avec leurs attentes est élevée. Dans un contexte où les entreprises ont de sérieuses difficultés à recruter les talents, les conséquences sont loin d’être anecdotiques.
Le bien-être est menacé
Le fait de démissionner de manière silencieuse est le signe d’une insatisfaction chronique et d’un mal-être au travail. Les collaborateurs qui s’engagent dans ce mouvement y voient une solution pour préserver leur bien-être. Malheureusement, c’est comme le serpent qui se mord la queue, c’est un cercle vicieux.
En effet, la dernière enquête de Robert Half sur les attentes et aspirations des candidats en 2023 révèlent que le sens au travail est un critère important pour les salariés (42%). Autrement dit, pour se sentir épanouis, ils ont besoin de sens et donc d’implication au travail.
L’image de l’entreprise est dégradée
Des salariés qui réduisent leurs efforts au minimum ne sont pas fiers de leur entreprise. Aucune chance qu’ils fassent la promotion de leur boîte à l’extérieur ! Votre marque employeur en est donc également impactée.
Quiet-quitting : 4 solutions à mettre en place pour l’éviter
Des actions QVCT
La QVCT (qualité de vie et des conditions de travail) contribue à maintenir l’engagement des salariés. Et avant de transformer la salle de repos en salle de jeux, les employeurs doivent agir sur des sujets essentiels qui ont un impact plus fort sur la qualité de vie au travail comme :
- L’environnement et les conditions de travail : un cadre de travail propice à la concentration, une répartition équilibrée de la charge de travail
- Le contenu du travail : proposer des missions challengeantes
- L’équilibre vie pro/vie perso : interdire les réunions trop tôt et trop tard, proposer du télétravail
- La reconnaissance : montée en compétences, culture du feedback positif
- Les relations sociales : activités pour favoriser la cohésion d’équipe
Proposer une organisation du travail plus flexible
L’enquête 2023 du cabinet Robert Half montre que pour 43% des salariés la flexibilité est un critère important. Pour répondre à leurs attentes, pourquoi ne pas mettre en place le télétravail ? En particulier pour les collaborateurs dont le temps de trajet domicile/travail est élevé, le télétravail est un excellent moyen d’améliorer l'équilibre vie pro/vie perso.
Aussi, les horaires individualisés sont idéals pour répondre aux contraintes familiales et personnelles des salariés.
🔍Si vous souhaitez aller plus loin, on vous donne tous nos conseils pour bien pratiquer le télétravail dans votre entreprise dans cet article !
Organiser des entretiens réguliers avec les collaborateurs
Les entretiens entre manager et salarié sont des moments précieux. Ils permettent de faire le point sur le bien-être du collaborateur et la performance de façon à poursuivre la collaboration dans les meilleures conditions.
Ainsi, c’est lors de ces rendez-vous que vous pouvez évaluer le niveau de satisfaction et d’engagement des employés, et prendre les mesures qui s’imposent pour les garder motivés et engagés.
Les entretiens réguliers entre manager et managé permettent d’instaurer un climat de confiance et engager vos collaborateurs. Qu’ils soient RH ou managériaux, les entretiens sont également de véritables outils de management pour vous permettre d’atteindre vos objectifs de performance. Pour en savoir plus, découvrez notre guide “Entretiens digitalisés : le guide pour un management au plus près des équipes” :
Soigner le parcours d’intégration
Les premières impressions sont décisives pour la suite de la collaboration. Pour engager dès le départ les nouvelles recrues, il est important de les intégrer en bonne et due forme. Voici quelques bonnes pratiques à suivre :
- Désigner un référent ou tuteur qui accompagnera la nouvelle recrue tout au long de sa phase d’intégration
- Préparer le bureau et les outils de travail (adresse mail, ordinateur, accès aux logiciels et serveurs, ligne de téléphone…)
- Organiser le planning de la première journée et des premières semaines
- Programmer un déjeuner d’équipe et une activité ludique pour faire connaissance
- Présenter le collaborateur à l’ensemble du personnel
- Envoyer un mail de bienvenue quelques jours avant l’arrivée du salarié avec des informations sur l’entreprise, ses valeurs, etc.
- Préparer les documents administratifs et le contrat de travail pour que tout soit prêt le jour J
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Les signes d'une démission silencieuse au travail
La démission silencieuse se manifeste souvent par des changements de comportement tels qu'un désengagement ou une baisse de productivité. Un salarié qui fait le strict minimum, sans plus montrer de passion ou de motivation, pourrait être dans une situation de "quiet quitting".
- Manque d'initiative : Un salarié qui ne prend plus d'initiatives pourrait être un signe de démission silencieuse.
- Qualité du travail : Une baisse notable de la qualité du travail rendu peut également être un indicateur.
- Changement d'attitude : Si un salarié adopte une attitude négative, évite les regards ou affiche un malaise visible, cela pourrait être un signe de démission silencieuse.
Il est essentiel d'être attentif à ces signes pour identifier rapidement une éventuelle démission silencieuse.
Les raisons qui poussent les salariés vers le quiet quitting
L'origine du phénomène du quiet quitting est souvent multifactorielle. Parmi les principales raisons qui conduisent les salariés vers ce type de comportement, on peut notamment citer :
- Le manque de reconnaissance au travail : lorsqu'un salarié se sent ignoré ou peu apprécié, il peut choisir de limiter son investissement.
- L'insatisfaction quant aux tâches à effectuer : un travail monotone ou sans challenge peut amener à une perte de motivation.
- Un désalignement avec les valeurs de l'entreprise : si le salarié ne se retrouve plus dans la culture de l'entreprise, il peut choisir de se désengager.
- Une rémunération jugée insuffisante : le salaire peut être un facteur déterminant dans l'engagement d'un salarié. Si celui-ci estime ne pas être justement rémunéré, il peut réduire son implication.
Ces différents facteurs peuvent se cumuler et amplifier le sentiment de mal-être au travail, conduisant le salarié vers le quiet quitting.
Comment identifier une démission silencieuse ?
Identifier une démission silencieuse nécessite une observation attentive du comportement des salariés. Voici quelques signes qui peuvent alerter :
- Respect scrupuleux des horaires : Le salarié arrive et part toujours à l'heure sans jamais faire d'heures supplémentaires, même en cas de surcroît de travail.
- Désinvestissement : Le collaborateur se limite aux tâches de sa fiche de poste, délaissant les initiatives ou responsabilités supplémentaires.
- Baisse de productivité : Une diminution notable de la qualité ou de la quantité de travail peut indiquer un désengagement.
- Changement d'attitude : Si un salarié généralement dynamique et participatif devient silencieux et distant, cela peut être un signe de démission silencieuse.
Il est important de noter que ces signes peuvent aussi être symptômes d'autres problèmes (burn-out, problèmes personnels) et nécessitent une approche délicate pour en déterminer la cause.
Comment faire face à une démission silencieuse ?
Face à une démission silencieuse, certaines pratiques peuvent être mises en œuvre. L'écoute active est fondamentale. Des entretiens individuels réguliers, permettant d'exprimer librement préoccupations et attentes, sont indispensables.
- L'amélioration des conditions de travail est également primordiale. Cela passe par une meilleure rémunération, des avantages sociaux attrayants, mais aussi par une définition claire et évolutive des tâches et responsabilités.
- Par ailleurs, la formation des managers à détecter et gérer ce phénomène est un levier essentiel à activer.
Il faut enfin favoriser le sentiment d'appartenance en valorisant la contribution de chaque salarié, en donnant du sens au travail et en promouvant une culture d'entreprise alignée sur les valeurs des collaborateurs.
Comment éviter le quiet quitting dans votre organisation ?
Pour prévenir le quiet quitting, il est crucial de créer un environnement où les salariés se sentent valorisés et engagés. Voici quelques mesures à adopter :
- Ouverture à la communication : Encouragez le partage d'opinions et de préoccupations sans crainte de répercussions négatives.
- Reconnaissance du travail : Faites des efforts pour reconnaître et récompenser le travail bien fait.
- Formation continue : Offrez des opportunités d'apprentissage et de développement pour contrer l'ennui et la stagnation.
- Écoute active : Soyez attentif aux changements de comportement ou de performance qui pourraient indiquer une démission silencieuse.
Ces stratégies peuvent aider à maintenir l'engagement des employés et à prévenir la démotivation.